258 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
sont variées comme invention, mais le caractère
des graveurs est invariablement le même; les pe-
tits personnages se détachent toujours sur un fond
obtenu uniformément à l’aide de petits points, qui
ont la prétention de rappeler les fonds d'or des
miniatures. D'ailleurs, les figures agissent sans
afféterie, se meuvent simplement et expriment
bien la vie. Des planches de plus grande dimension
commencent chaque office, et leur auteur y a re-
présenté des scénes dela Bible ; ordinairement la
création d’Ëve, l’Annonciation, la Visitation, la
Résurrection. Si la naïveté en fait le principal
mérite, il y a aussi une certaine entente de l'a-
gencement qui témoigne que l'art progresse et
cherche à sorlir de l'état d'enfance oü il est encore.
On découvre bien cà etlà une influence étrangére;
des planches rappellent les productions de l'art
allemand, d'autres les images flamandes, mais la
plupart semblent inspirées par les miniaturistes
francais, modéles excellents queles graveurs fran-
cais dela fin du quinzióme siécle n'auraient jamais
dù perdre de vue.
Une fois l'élan donné, denombreux imprimeurs
mirent leurs presses au service de la même indus-
trie. Philippe Pigouchet s'associe à Simon Vostre
pour publier en 1488 un livre d'heures à l'usage
de Rome; Thielman Kerver emprunte les plan-
ches du méme imprimeur, ou peut-étre les fait-il.
copier pour ses ouvrages de piété. Gilles Hardouin