260 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
leur personnalité aux œuvres des artistes qu'ils
traduisent. Le plus fécond de ces petits maîtres
français est connu sous le nom du petit Bernard ;
| jamais il n’a signé une planche de son nom ou
il | d’un monogramme, de sorte que si l'on n'avait
B point trouvé dans une édition de la Bible, datée
de 1680, une mention ainsi conçue : « Les figures
| que nous te donnons icy sortent de la main d’un
MM excellent ouvrier, connu en son temps sous le
fill nom de Salomon Bernard, dit autrement le petit
I | Bernard, et ont toujours été fort estimées de ceux
A qui se connaissent en celte sorte d’ouvrage, » on
ignorerait encore quel était cet arliste qui grava
au seizième siècle une infinité de planches, où la
délicatesse du travail le dispute à la finesse du
dessin. Ces petites compositions sont animées de
mille personnages campés avec aisance, agissant
facilement et dessinés non sans élégance. L’art
français y accuse nettement les caractères de son
originalité, l’esprit et la prestesse.
La vogue singulière des estampes du Petit Ber-
nard ne tarda pas naturellement à faire naître
chez d’autres artistes le désir de s’exercer à leur
tour dans le méme genre. En peu de temps ils
furent habiles. Les éditeurs leur commandèrent
alors des marques pour distinguer les livres qu'ils
publiaient, puis des fleurons, des culs-de-lampes,
des lettres initiales, menus ouvrages dans les-
quels brille un mérite exceptionnel, et qui prou-