LA GRAVURE EN FRANCE. 269
qui regardent certaines planches gravées à l'aide
d'un procédé particulier auquel on a donné le nom
de manière criblée, comme les plus anciens spéci-
mens de la gravure, nous pensons que ces es-
lampes ne peuvent ébranler la conviction de ceux
qui connaissent et apprécient la Paix de Maso Fi-
niguerra. La France n’eut pas seule d'ailleurs le
privilége de faire usage de ce procédé.
Un mot seulement sur l’exécution en manière
criblée. Après avoir couvert la planche d’une in-
finité de petits points blanes, se détachant sur
un fond uniformément noir, l'arliste — si l’on
peut donner ce nom à celui qui travaillait dans ce
genre — l'artiste marquait d’un trait lourd les
contours de la figure qu’il prétendait reproduire et,
même parfois, ne se contentant pas d’une simple
indication, il allait jusqu’à chercher le modelé de
cette figure en la couvrant de petites tailles obte-
nues par un instrument qui éraillait plutôt qu’il
n’entamait le métal. Au demeurant, gravées sur
une matiére tendre, sur l'argent ou sur l'étain, ces
planches n'ont qu'une valeur archéologique; elles
sont fort curieuses au point de vue de l'histoire,
mais l’art n’y est pour rien. Le nom de Bernard
Milnet, que l’on a donné inconsidérément à l’au-
teur des gravures en manière criblée à cause d’une
inscription placée au bas de la Vierge tenant l’En-
fant Jésus dans ses bras, est aujourd’hui plus que
contesté. Du moins on donne à cette inscription