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LA GRAVURE EN FRANCE. 273
les qualités de finesse et le gout pour les recher-
ches architectoniques que nous venons de signa-
ler chez le graveur se retrouvent chez le peintre.
Un des plus grands artistes de la Renaissance,
celui avec lequel la plupart des historiens mo-
dernes commencent l’histoire de la peinture en
France, Jean Cousin, ne dédaigna pas de manier
la pointe. Non content de fournir aux graveurs
sur bois les dessins excellents qui accompagnent
et qui expliquent son Traité de perspective et son
Livre de portraiture, il voulut connaître par lui-
même les difficultés d’un art qui, arrivé déjà
dans les autres pays presque à son apogée, en
était encore en France à ses débuts ou du moins
ne s’y était pas encore révélé tout entier. Jean Cou-
sin grava trois planches qu'il signa de son nom.
Ces trois estampes sont : Saint Paul frappé sur le che-
min de Damas, Y Annonciation et la Mise au tombeau,
fort difficiles à rencontrer. Gravées d’une pointe
ferme et savante, elles suffiraient à donner du
talent de Jean Cousin une opinion assez complète.
On y trouve la largeur de style et l’élégance sobre
qui sont les caractères particuliers de l'artiste.
Les figures sont en effet animées de l'expression
qui leur convient, et avec beaucoup de variélé,
chaque physionomie dit bien ce que l'artiste a
voulu lui faire dire. Voyez les saintes femmes qui
ensevelissent le corps de Jésus-Christ, elles témoi-
gnent différemment leur douleur : les unes bai-
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