278 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
À Chartres, Pierre Sablon grava à l'eau-forte son
propre portrait et prit soin de nous apprendre en
quatre vers ce qui l'avait décidé à nous conser-
ver son image :
Me contemplant un jour en deux diverses glaces
Je veis le mien profil despeinct naivement
Lors je déliberé en moy soudainement
De graver ce pourtraict dont vous voyez les traces.
À Bourges, Jean Bouchier, un très-habile artiste
de peu de célébrité, mais dont les ouvrages aceu-
sent un véritable talent, grava six planches qui
semblent inspirées par l’école de Parme, tant on y
trouve de grâce et de charme; la meilleure es-
tampe de cet arliste représente la Vierge debout
tenant dans ses bras l'Enfant Jésus qui veut l'em-
brasser. Le mouvement du divin Enfant se soule-
vant pour atteindre le visage de sa mère est d’une
intention suave, et l’artiste a rendu avec un sen-
timent parfaitement vrai la joie de la mère de se
sentir ainsi aimée. C’est par la précision du dessin
et par la justesse de l’expression plus que par l’ha-
bileté matérielle que se distinguent les planches de
Jean Bouchier, car la gravure en est peu adroite et
montre que l'artiste ne se préoceupait guère du
procédé. D’autres villes de province fourniraient
encore, certainement, plus d’un graveur dont les
œuvres seraient dignes d’être mentionnées et qui
développèrent leur talent loin de la capitale. Mais
y aurait-il avantage à pousser plus avant nos re-