28) LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
de peinture bien formée, et n’ayant au contraire
chez nos voisins que l'embarras du choix, les uns
cherchèrent leurs modèles dans les Flandres, les
autres en Îtalie. Charles Mallery, Pierre Firens et
Jean-Baptiste Barbé s'inspirèrent des ouvrages des
Wierix, dont ils ne manquérent pas d’imiter la
facon mesquine d’interpreter la nature. Comme
leurs patrons ils réussirent mieux dans le portrait
que dans les images de piété. Celles-ci, en effet,
sont exécutées avec une monotonie de travail qui
fatigue l’œil; tout y est conduit au même point,
traité avec la même minutie, et l’art qui consiste,
au moyen de sacrifices, à attirer l’attention sur
les parties vraiment intéressantes n'y joue aucun
rôle. Philippe Thômassin, Valérien hegnart et
quelques autres Français du même temps eurent
l'Italie pour objectif; mais, chose assez singuliére,
au lieu de s'inspirer des œuvres excellentes que
Marc-Antoine et quelques-uns de ses élèves pou-
vaient leur fournir, ce qui eüt été tout simple, ils
s'adressèrent à un artiste flamand, établi à Rome,
Corneille Cort, et s’appliquérent à imiter sa ma-
niére emphatique et plate. Cette malencontreuse
idée leur fit perdre leur originalité sans aucune
compensation, et leurs estampes qui reproduisent
d'un burin dur, sans. exactitude, par tailles trés-
espacées, des compositions d’un goût souvent con-
testable, ne peuvent leur assigner dans l’art qu'un
rang fort peu élevé.