282 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
explique leur exactitude vraiment étonnante à
rendre la manière de ces maîtres, l’élégance peut-
être exagérée, la grâce parfois outrée de leurs pein-
tures. Antonio Fantuzzi, quenousappelons quelque-
fois, en donnant à son nom une terminaison fran-
çaise, maitre Fantose, se montra le plus savant
des graveurs de l'école. Sa pointe, d’une sobriété
remarquable, semblait faite tout exprès pour re-
tracer les dessins du Primatice. Dans le Parnasse,
composition pleine de personnages, il sut, par la
netteté de son travail, distinguer chaque groupe,
donner à chaque figure son importance relative.
Ailleurs, dans une composition également compli-
quée, représentant Jupiter renvoyant Junon, Vénus
et Minerve devant Páris, il rehaussa son eau-forte
de quelques traits de burin qui accentuent le tra-
vail sans compromettre en rien l’harmonie de la
planche; mais lorsqu'il employa seulement le bu-
rin, comme dans les Grottes de Fontainebleau, si-
gnées tout au long : Ant. Fantuz. J. D. Bologna
fecit an. D. MD. 45, on sent que, géné par le travail
forcément pénible de l'outil, il rencontra des en-
traves qu’il ne put toutes surmonter, et ses
estampes accusent alors une sécheresse qu'on
chercherait inutilement dans ses eaux-fortes.
Léonard Tiry, le plus fécond des graveurs de
Fontainebleau, Flamand de naissance, passa une
parlie de son existence en Italie, et ne vint en
France que lorsque son talent fut définitivement