302 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
la guerre. Il y représente, en dix-huit pièces, tou-
tes d’un pittoresque étonnant, les maux inouïs
dont ses compatriotes avaient été affligés pendant
la lutte et les affreux supplices qu’on leur avait
fait endurer. Deux ans plus tard, le 24 mars 1655,
aprés une longue maladie, qui ne l'avait pour-
lant point empéché de produire quelques planches,
Jacques Callot mourut sans laisser d'enfants de sa
femme Catherine Puttinger. Dans sa ville on lui
éleva un tombeau digne de lui, et un autre graveur
à l'eau-forte, Abraham Bosse, moins primesautier,
peut-étre, bien capable cependant de continuer
l’œuvre du maître, nous a laissé une estampe
d'après ce mausolée, au milieu duquel se lit l’in-
scription suivante : « A La rosréarré. Passant jette
« les yeux sur cette escriture, quand tu scauras
« de combien mon voyage a esté advancé, tu ne
« seras pas marri que ie retarde un peu le tien :
« Je suis Jacques Calot, ce grand et excellent cal-
« cographe, qui repose en ce lieu en attandant la
« résurrection des corps. Ma naissance fut mé-
« dioere, ma condition noble, ma vie courte et
« heureuse; mais ma renommée a eslé et sera
« sans pareille; personne ne m'a esté esgal en
« toute sorte de perfection pour le dessein et la
« graveure sur l'airain. Toute la terre a consenti
« aux louanges extraordinaires qui men ont esté
« données sans que pour cela je sois jamais sorti
« de ma modestie naturelle. Je nasquis à Nancy,