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LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
tueuses habitations mutilées ou détournées de leur
destination premiére.
Tandis que l'art dela gravure tombait presque
partout entre les mains d'artistes peu habiles, et
quand dans tous les pays, excepté en Flandre et
en Hollande, il abandonnait les hauteurs qu’il ne
devait plus désormais atteindre, les artistes fran-
çais montrèrent plus d’intelligence, plus d’initia-
tive que jamais, et s’emparèrent du premier rang,
que depuis ils ont toujours conservé. Un grand mai-
tre, Gérard Audran, tient la tête de l’école. Il était
d'une famille d'artistes, si bien, que c'est dans la
maison paternelle qu’il puisa les premiers éléments
de son art. Son père, Claude Audran, n’était pour-
tant qu’un graveur médiocre; mais heureusement,
il en savait assez pour guider un débutant. Ce
fut donc sous sa direction que Gérard exécuta
ses premiers ouvrages, lesquels, chose bonne à
noter, n'annoncaient point une vocation décidée,
et ne faisaient guère prévoir les chefs-d’œuvre du
maitre. Un voyage en Italie, entrepris à temps,
fixa le goüt de Gérard, ouvrit son esprit. Déjà,
lorsqu’il se rendit à Rome, il savait assez dessiner
pour apprécier les ouvrages qu’il allait voir, et sa
main avait acquis une suffisante habitude du bu-
rin, pour pouvoir immédiatement s’exercer avec
fruit. Quoiqu'il se füt fait admettre dans l'atelier
de Carle Maratte, il s'attacha surtoutà copier les
statues antiques et les tableaux des maitres, et,