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LA GRAVURE EN FRANCE 527
on peut le croire, ce fut de cette facon, bien plus
qu’en suivant la discipline de son professeur, qu'il
se perfectionna.
Pendant son séjour à Rome, tout en suivant les
lecons de Carle Maratte, et en dessinant dans les
musées, Gérard Audran, trouva le temps d'exécu-
ter un eharmant portrait de Jordanus Hilling, un
plafond peint par Pietre de Cortone dans le palais
Sacchetti, un autre plafond du méme artiste dans
la galerie Pamphili, et quatre planches d'aprés le
Dominiquin, David dansant devant l'arche, Judith
montrant au peuple la téte d'Holopherne, Esther
devant Assuérus et Salomon faisant asseoir Bethsa-
bée sur son tróne. Exécutées avec talent, ces es-
tampes avaient appelé en France l'attention sur
leurs auteurs; aussi lorsqu'il revint à Paris, fut-il
tout de suite choisi par Lebrun pour graver les
Batailles d' Alexandre, auxquelles le premier pein-
tre du roi venait de mettre la derniére main.
Jamais peut-étre artiste ne se montra plus digne
de la confiance d’un peintre. Plein d'ardeur et
de volonté, Gérard Audran se mit à l'œuvre sans
tarder, et au bout de six ans, il avait achevé ce
travail vraiment gigantesque (1672-1678). Em-
ployant alternativement l’eau-forte et le burin,
il a rendu avec une telle vérité les peintures
originales, que celles-ci gagnent, à cette fidèle
reproduction, d’être encore aujourd'hui appré-
ciées à leur juste valeur, bien que le temps en