LA GRAVURE EN FRANCE. 331
mies sur le cuivre. Qu'il n'ait point eu la couleur
vive et accentuée d'Edelinck, cela est cerlain ; mais
il avait autant de facilité à manier le burin. Toute-
fois, cette habileté, il ne l'acquiert pas du premier
coup. Avant de produire les chefs-d’œuvre qui don-
nérent à son nom une éclatante célébrité, il hésita
longtemps et chercha dans les œuvres de ses pré-
décesseurs, la manière la plus propre à exprimer
ce qu’il sentait en lui-même; tantôt il employa un
pointillé qui rappelle les estampes de Jean Bou-
langer; tantôt, comme Claude Mellan, il fait usage
d’une seule taille à peine interrompue par quelques
contre-tailles ; tantôt, enfin, il se servit de tailles
sagement croisées, suivant le sens des formes, à
l’exemple de son maitre et compatriote, le Rémois
Nicolas Regnesson, et alors il se rapprocha de sa
manière définitive. C’est à l’aide de cette manière,
qui consiste à modeler avec précision chaque plan
du visage et à employer un travail varié pour ac-
cuser d’une facon formelle les parties différentes
de la planche, qu'il grava les portraits de Pom-
ponne deBellièvre, de Gilles Ménage, de Jean Loret,
de Lamothe le Vayer, de la duchesse de Nemours,
de J. B. Van Steenberghen et vingt autres non
moins parfaits, non moins superbes, qui seront
toujours pour les hommes de goût et les artistes
l’objet de la plus grande admiration.
En outre de l’estime que commande Robert Nan-
teuil par ses travaux, l’art de la gravure lui doit