LA GRAVURE EN ITALIE. 95
torien du reste qui nous ait transmis des docu-
ments certains sur cet artiste, Pollajuolo possé-
dail une étonnante habileté à tailler le métal ;
quoique ses productions fussent trés-recherchées
et s'écoulassent promptement, il ne se contenta
point d'étre un excellent orfévre, et désireux d'é-
tudier la peinture, il demanda à son frère, Piero
Pollajuolo, les secrets de ce grand art. Doué d’une
facilité de travail extraordinaire et d’une volonté
à toute épreuve, sa renommée comme peintre fut
bientôt égale à celle qu’il avait acquise comme
orfévre. Quoi qu'il en soit, ses tableaux sont assez
rares. Quant à ceux que nous avons pu voir à Flo-
rence, à Milan et à Londres, ils se font remarquer,
il faut bien le dire, par la façon pédantesque avec
laquelle l’auteur a fait étalage de la science anato-
mique autant que par le goût vraiment noble du
dessin des figures. Cette exagération systématique
des formes humaines unie à une louable recherche
du style se retrouve, cela n’est pas douteux, dans
les trois estampes que l’on attribue à cet artiste :
un Combat de dix hommes nus, Hercule et Antée et
la Lutte de deux Centaures. Une seule de ces pièces
est signée, il est vrai; qu'importe, si elle démon -
tre que les deux autres proviennent aussi du même
atelier? D'ailleurs Pollajuolo est dans ses œuvres,
aisément reconnaissable; il avait. pour le dessin
des préférences particulières, quelquefois outrées,
et ce n’est pas lui qui eût laissé dans le demi-jour,