LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
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classer parmi les artistes les plus spirituels
de ce dix-huitiéme siécle qui en vit lant naitre.
Ses quatre Bacchanales et son Armoire, pour
ne pas parler d’autres compositions, lui mé-
ritent, certes, cet honneur. La forme précise
des figures et des objets ne le préoccupait que
médiocrement, mais il savait exprimer la vie avec
grèce. En ne traitant d'habitude que des sujets
frivoles, il les inventait avec une facilité dont il
est juste de lui savoir gré.
Gabriel de Saint-Aubin dessinait tout ce qui
frappait ses veux ; il ne visitait jamais une collec-
tion d'oeuvres d'art sans conserver, à l'aide d'un
croquis vif et spirituel, le souvenir des objets qui
l'avaient le plus intéressé. C'était, pour ainsi dire,
un flàneur intelligent qui semblait avoir deviné
l'ardeur que l'on mettrait un jour à s'enquérir
des moindres faits de l'histoire du dix-huitième
siécle. Parfois il se servit de la pointe avec autant
de facilité que du crayon. La Vue du Salon du Louvre
en 1755, la Foire de Bezon, l'Incendie de la foire
Saint-Germain, le Spectacle des Tuileries sont au-
tant de pièces exécutées d’une manière fine et en-
jouée, et qui, si petites qu’elles soient, nous plaisent
et nous amusent, parce qu'elles reproduisent sans
prétention et avec vérité des lieux que Saint-Aubin
fréquentait et connaissait à merveille. Jean-Bap-
tiste Pierre, qui grava plusieurs de ses dessins
et qui nous a conservé le souvenir d’une masca-