356 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
accompagnent et encadrent le personnage et au
milieu desquels celui-ci se trouve quelquefois un
peu noyé. Dans l’œuvre considérable de cet artiste
signalons les portraits de Jean Forest (d’après Lar-
gillière), d’André Felibien (d’après Rigaud) et d’Hya-
cinthe Rigaud (d'après une peinture que le maitre
exécuta lui-même). Le graveur, s’adressant uni-
quement à des œuvres de grande valeur, sut se
tenir à la hauteur de sa tâche et rendit avec une
mâle vigueur ces peintures où la vie déborde de
toutes parts.
Le portrait de Bossuet exécuté par Pierre Drevet
le fils, d’après Rigaud, suffirait à faire vivre le
nom du graveur en méme temps qu'il donne du
grand orateur la physionomie la plus exacte;
c'est bien ainsi qu'on se figure l'illustre prélat,
debout, appuyé sur ses Oraisons funèbres, majes-
tueusement enveloppé de sa robe épiscopale, cap-
tivant de son fier regard la foule qui l’écoute ou
l’assemblée royale qu’il instruit, et le graveur
inspiré par l’œuvre superbe de Rigaud, inspiré
aussi, sans aucun doute, par la majesté du per-
sonnage, a produit un chef-d'œuvre digne d’être
mis à côté des plus belles estampes de l’école fran-
çaise. Les procédés de Drevet le fils se rapprochent
beaucoup de ceux mis en usage par son père. Il ne
se servait lui aussi que du burin ; mais, docile en
sa main, l’outil variait à l’infini ses travaux, se
pliant sans effort aux inflexions diverses de la