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LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
et son nom est à présent tombé dans un oubli
presque complet. Quant à J. B. Grateloup, il poussa
l'amour de la finesse de la taille jusqu’à singer avec
le burin le travail que produit le berceau balancé
sur une planche de métal ; sa vie entière se passa
sur neufestampes, et on ne s’étonne pas s’il mourut
aveugle lorsqu’on regarde le portrait de Bossuet
exécuté d’après Rigaud : à défaut d’autre mérite,
c'est un vrai tour de force.
Au dix-huitième siècle appartient l’invention
d’un genre auparavant inconnu, de la vignette,
genre petit, il est vrai, mais on ne peut mieux ap-
proprié à la littérature de l’époque. On entend par
vignette, une estampe de dimension exiguë, com-
mentant un texte, accompagnant un récit, retra-
çant enfin aux yeux les scènes principales d’un
poëme ou les faits curieux d’un roman. Les ar-
listes qui s'adonnérent à la vignette déployèrent
un esprit tel, une habileté si parfaite qu’ils for-
cèrent le goût et que bientôt, il ne parut plus un
livre qui ne fût orné de quelques planches desti-
nées à fixer dans l’esprit les passages auxquels l’au-
teur attribuait de l'importance, sur lesquels il
voulait attirer principalement l'attention du lec-
teur. Hubert Gravelot, sans conteste le plus ha-
bile dessinateur de vigneltes, illustra, comme on
dirait de nos jours, les Contes moraux de Marmon-
lel, le Décameron de Boccace et l'édition des OEu-