562 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
composer et à graver un cul-de-lampe ou une téte
de page ; il agençait, avec une facilité singulière,
un cartouche devant recevoir une adresse ou une
invitation de bal, un cadre destiné à entourer
une carte géographique ; et cette habileté à
traiter les sujets de médiocre importance ne l’em-
pêcha pas, lorsque l’occasion se présenta, de com-
poser, dans une agréable manière, des sujets em-
pruntés aux ouvrages de ses contemporains. Quel-
ques années avant sa mort, il publia une Notice
sur l'art de la gravure en France. On s’y convainet
qu'à un talent non douteux de praticien, il joi-
gnait l'amour de son métier et un respect profond
pour les maîtres qui l’avaient précédé. Cet opus-
cule, malgré son peu d'étendue, renferme de très-
bonnes observations qui acquiérent de la valeur
surtout à cause de l'artiste qui les a signés.
Marillier, Augustin de Saint-Aubin, Noél Lemire,
Delvaux, Tilliard, Simonet et Longueil ne se bor-
nérent pas à graver les compositions d'autrui ; ils
multipliérent aussi leurs propres dessins, se mon-
trant à la fois inventeurs spirituels et graveurs
expérimentés; tous, on le voit à leurs œuvres,
subirent l'influence de Gravelot et d'Eisen, mais
ils furent souvent assez heureusement inspirés
pour mériter d'étre appréciés pour eux-mémes.
Moreau le jeune, qui, tant que le dix-huitième
siècle dura, suivit la voie de ses prédécesseurs et
produisit des vignettes excellentes, pleines d’esprit