LA GRAVURE EN FRANCE. 315
bien doués, est surtout surprenante, lorsqu'on exa-
mine attentivement les estampes de Boucher-Des-
noyers , exécutées dans leurs moindres parties
avec une étonnante précision, une délicatesse mi-
nutieuse. Jamais, avant lui, les peintures de Ra-
phaél n'avaient eu d'interpréte aussi conscien-
cieux, aussi fidéle; jamais elles n'avaient été
mieux traduites. La Transfiguration fut son der-
nier ouvrage. Ses forces trahissaient déjà sa vo-
lonté, que Boucher-Desnoyers résolut peurtant de
témoigner une fois encore de cette admiration pour
le grand peintre qui avait, pour ainsi dire, rempli
son existence. Il composa done, à cet effet, un
Appendice à l’histoire de Raphaël, publiée par Qua-
tremère de Quincy, où il démontra que son culte
pour le maitre sans rival n'avait pas cessé d'étre
raisonné, et qu’il n’était parvenu à bien compren-
dre son génie, à le pénétrer, qu'en étudiant sans
relâche ses ouvrages, et en ne manquant jamais de
copier tous ceux qui tombaient sous les yeux.
Boucher-Desnoyers ne suffirait pas à lui seul à
donner une idée complète de l’art du graveur au
dix-neuvième siècle ; MM. Forster, Martinet, Cala-
matta et Mercuri oceupent encore dans l’école un
rang distingué, et M. Henriquel-Dupont qui, depuis
quarante ans,ne s’est pas démenti un seul instant
et soumet chaque année ses ouvrages à l'apprê-
ciation publique, a prouvé récemment, en exposant
les Disciples d Emmaüs, que l'auteur de la Dame