56 LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
Son Christ a un caractère qui rappelle un peu trop
le type d'Adonis; sous sa pointe, la Vierge est co-
quette et mondaine. Fort déplacée en certains cas,
cette afféterie choque moins lorsqu'elle s'empare
de figures païennes, telles que Polymnie ou Vénus
s'essuyant au sortir du bain. Là le tempérament de
l’artiste bien à l’aise et complétement libre, prend
son véritable essor. A leur apparition, les plan-
ches du Parmesan eurent le méme succés que ses
peintures; elles étaient avidement recherchées,
et plusieurs élèves, désireux de profiter dela vogue
de leur maître, cherchèrent à imiter sa manière,
à s'approprier le procédé qu’il avait mis en hon-
neur. L’un d’eux, A. Meldolla, réussit assez pour
que ses ouvrages fussent quelquefois confondus
avec ceux du Parmesan. Mais l’érudition moderne
a fait justice de cette confusion. Travaillant con-
stamment à côté de Mazzuoli, guidé par lui, rece-
vant tous les jours ses conseils, reproduisant le
plus souvent ses ouvrages, À. Meldolla en était
arrivé à s'identifier avec sa manière de voir et de
rendre la nature, au point que les méprises aux-
quelles ont donné lieu ses gravures sont très-exeu-
sables. Cette docilité aux préceptes de son maître
était si grande que lorsque Meldolla gravait les
ouvrages de Raphaël, il leur imprimait un goüt
de dessin qui rappelait celui du Parmesan, à tel
point que, si on n’avait pas connu la provenance
des originaux, on aurait pu en faire honneur au