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LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
les autres estampes du maître. Annibal Carrache
n’y a pas cherché l’effet : il s’est contenté de mon-
trer la science de dessinateur, et il a parfai-
tement réussi. Dans une autre planche, la Sainte
Famille (Anni. Car. in fe 1590), c’est de la couleur
qu'il s’est inquiété, mais il a forcé son tempéra-
ment, et les transitions du noir au blanc sont trop
brusques et trop séches. Le dessin des figures
n'est pas d'ailleurs aussi soigné que de coutume ;
seule la téte de la Vierge est modelée avec assez de
précision, sans posséder pour cela un sentiment
de distinction bien élevé.
Tandis que les deux Carrache qui viennent de
nous occuper ne consacraienf que la moindre
partie de leur existence à manier la pointe et le
burin, Augustin Carrache agit différemment. On
connait de lui un certain nombre de peintures ;
mais son ceuvre de gravure est considérable et se
compose de culs-de-lampe, de cartouches ou d'ar-
moiries, d'images de picté, de sujets historiques
ou de portrails. Trop souvent son talent sent la
pratique et rappelle la maniére d'artistes Italiani-
sés, tels que Corneille Cort et Philippe Thomas-
sin. Augustin Carrache, qui dessinait aussi bien
qu'eux tous et qui en savait plus long comme
graveur, eut le tort de trop produire : lorsqu'il
multiplie les ouvrages de Paul Véronése ou de Tin-
toret, il ne peut en rendre l'aspect agréable ou
puissant, et le dessin, dépouillé du charme de la
es
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