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LES MERVEILLES DE LA GRAVURE.
qu'il a traduit les œuvres contemporaines avee
une exactitude pleine de respect, de vénération
même, pour les peintres au service desquels il
mettait son savoir et son habileté.
Cette habileté singulière et cette science con-
sommée du dessin et de la gravure portérent leurs
fruits : pour avoir subi avec docilité les con-
seils de Raphaël, Marc-Antoine devint maître
à son tour. De tous les pays accoururent des
élèves avides de suivre ses leçons, de profiter
de ses avis, et, grâce à son influence, Rome
eut une école de gravure. Ceux qui se rapprochè-
rent le plus de la manière du chef de l’école sont
Augustin Vénitien et Mare de Ravenne. Soumis di-
rectement à l'influence de Marc-Antoine, travail-
lant souvent sous les yeux de leur maitre, ils su-
rent imiter ses procédés d'assez prés pour que
leurs ouvrages aient été quelquefois, par une er-
reur qui proclame leurs mérites, attribués à Rai-
mondi. Comme Marc-Antoine, Augustin Vénitien
chercha longtemps sa voie : il copia quelques es-
tampes de Giulio Campagnola pour s'exercer au
maniement du burin, reproduisit des estampes
d'Albert Dürer, et marqua son entrée dans l’école
romaine en retraçant plusieurs compositions de
Bandinelli dont il rendit les œuvres, n’ayant pas
encore subi le charme souverain de Raphaël, avec
toute leur exagération, leur enflure, leur em-
phase. Il se mit sous la discipline du grand mai-