82 LES MERVEIVLES DE LA GRAVURE.
Rome, l’art se maintint encore quelque temps,
mais abandonna les anciens principes, et les suc-
cesseurs de Marc-Antoine se laissèrent aller à une
facilité d’exécution qui les éloigna de cette gran-
deur, de ce beau et noble style si répandus dans les
productions italiennes écloses jusqu’au milieu du
seizième siècle. La pratique remplaça le sentiment,
l'adresse de l'outil suppléa à la pensée que l'on
négligeait, à l'expression absente. C'est l'influence
d'Augustin Carrache qui parait alors dominer;
du moins sa maniére est prise pour modéle
par un grand nombre d'artistes venus à Rome
où l’école de gravure, au dix-septième siècle,
réunit autant d’étrangers que de nationaux.
Si Baptista Franco fait preuve, à de longs inter-
valles, de respect et d’admiration pour les grandes
traditions, son œuvre, presque en entier, est con-
sacrée à des objets antiques, et son dessin singu-
lièrement négligé ne rappelle en aucune manière
celui de Marc-Antoine. Et pourtant c’est le seul
artiste qui semble se souvenir encore du maître.
Quant à ceux qui vinrent après lui, Giov. Batt.
Coriolano et Valerian Regnart, le premier grava
froidement et sans précision un grand nombre de
vignettes et de sujets emphatiques inspirés par
les peintres de l'école ; le second s’employa à re-
produire des dessins d’architecture, des armoiries
et des compositions allégoriques, car l’allégorie
envahit tout et devint souvent incompréhensible