200 LES MERVEILLES CELESTES.
Frédéric de Prusse proposa de lui donner le nom de son
Loir
ami d'Alembert, ce dont l’illustre géomètre se défendit par le
ce petit billet : « Votre Majesté me fait trop d’honneur de l’av
vouloir baptiser de mon nom cette nouvelle planète. Je ne ber
suis ni assez grand pour devenir au ciel le satellite de
Vénus, ni assez bien portant pour l’être sur la terre, et je
me trouve trop bien du peu de place que je tiens en ce bas
monde pour en ambitionner une au firmament. »
Ce monde offre la plus grande ressemblance avec le
nôtre : mêmes éléments astronomiques, même grandeur,
même volume, même poids, même densité ; seulement, il
est deux fois plus près du Soleil que nous. Depuis les ori-
gines de la poésie antique, sa position près du Soleil, qui
le fait apparaitre le matin avant le jour, ou le soir avant la
nuit, attira vers lui les pensées contemplatives, et Vénus
fut l'étoile de tous ceux qui aiment à rêver le soir, depuis
le berger à son retour des champs jusqu’aux amis de cœur
dont les âmes se rencontrent pendant la nuit. Au moyen
age, un bon père fait un voyage extatique dans le ciel, et
ne voit dans Vénus que des jeunes gens d’une beauté ravis-
sante, vivant au sein d’un parfait bonheur; c'étaient, à
ses yeux, les esprits directeurs de la planéte Vénus, car on
croyait jadis qu'uae légion d'anges ou de génies était pré-
posée à la direction de chacune des sphères célestes. Plus
tard, l'auteur de Paul et Virginie fait encore de Vénus la
description la plus merveilleuse : c'est un véritable para-
dis terrestre. De nos jours enfin, le poéte des Contempla-
tions, visitant. l'ile antique de Cythére, qui n'est plus au-
jourd'hui qu'un roc désert et dénudé, reporte sa pensée
dans le ciel, et c'est là qu'il cherche désormais le séjour
de Vénus.
Puissent les rayons d'or de cette belle étoile briller
longtemps encore sur nos soirs, ouvrant à nos pensées le
cours des contemplations qui nous transportent transi-