256 LES MERVEILLES CÉLESTES
surface de la Terre, la fonction mécanique des petits étres
n'est pas soustraite à son empire. Elle est la loi. de la
création, soutenant la vie de l'édifice dans linvisible
comme dans l'immense. « L'attraction, disait l'auteur de
Paul et Virginie, est une lyre harmonieuse qui résonne
sous des doigts divins. »
Lorsqu'on a contemplé ces mouvements harmonieux des
sphères sur leurs orbites, dans le système confié à la garde
de notre Soleil, lorsqu’on a vu que ces lois formidables
régissent les mouvements des systèmes stellaires avec la
même souveraineté qu’elles dirigent ceux qui s’exécutent
autour de nous, et lorsqu'à cette grandeur merveilleuse
des lois de la nature on compare la faiblesse humaine et
notre insignifiance au sein de cette création sublime, on
admire avec sincérité le génie des hommes qui s’élevèrent
à la notion de ces causes : il semble que leur puissance
se répande sur les autres hommes, et l’on se sent plus fier
d'appartenir à l'humanité.
Ils sont dignes de Newton ces beaux vers de Delille :
Pénétrez de Newton l'auguste sanctuaire ;
Loin d'un monde frivole et de son vain fracas,
De tous les vils mortels qui rampent ici-bas,
Dans cette vaste mer de feux étincelante
Devant qui notre esprit recule d'épouvante,
Newton plonge ; il poursuit, il atteint ces grands corps,
Qui, jusqu’à lui, sans lois, sans règle et sans accords,
Roulaient désordonnés sous les voûtes profondes.
De ce brillant chaos, Newton a fait des mondes.
Atlas de tous ces yeux qui reposent sur lui,
Il se fait l'un de l'autre et la régle et l'appui :
Il fixe leurs grandeurs, leurs masses, leurs distances
C'est en vain qu'égarée en ces déserts immenses
La cométe espérait échapper à ses yeux :
Fixes ou vagabonds, il poursuit tous ces feux,
Qui suivent de leur cours l'incroyable vitesse.
Sans cesse s'attirant, se repoussant sans cesse,
Et par deux mouvements, mais par la méme loi,
'oulent tous l'un sur l'autre, et chacun d'eux sur soi.