276 LES MERVEILLES CÉLESTES.
La difficulté que certains esprits ont manifestée à eroire
que la Terre put étre suspendue comme un ballon dans
l'espace, et complétement isolée de toute espèce de point
d'appui, provient d'une fausse notion de la pesanteur.
L'histoire de l'astronomie ancienne nous montre une
anxiété profonde chez les premiers observateurs qui com-
mencaient à concevoir la réalité de cet isolement, mais qui
ne savaient pas comment empécher de tomber ce globe si
lourd sur lequel nous marchons. Les premiers Chaldéens
avaient fait la Terre creuse et semblable à un bateau ; elle
pouvait alors flotter sur l'abime des airs. Quelques anciens
voulaient qu'elle reposàt sur des tourillons placés aux
deux póles. D'autres supposaient qu'elle s'étendait indéfi-
niment au-dessous de nos pieds. Tous ces systémes étaient
concus sous l'impression d'une fausse idée de la pesan-
teur. Pour s'affranchir de cette antique illusion, il faut
savoir que la pesanteur n'est qu'un phénoméne constitué
par l'attraetion d'un centre. Un corps ne tombe que lors-
que l'attraction d'un autre corps plus important le sollicite.
Les images de haut et de bas ne peuvent s'appliquer qu'à
un système matériel déterminé, dans lequel le centre
attractif sera considéré comme le bas; hors de là elles ne
signifient plus rien. Lors donc que nous supposons notre
globe isolé dans l'espace, nous ne faisons là rien qui
puisse donner prise à l’objection signalée plus haut qui
craint de voir tomber la Terre on ne sait où.
La Terre peut être isolée dans l’espace. Mais non-seule-
ment elle le peut, elle l’est en réalité. Si elle était appuyée
sur un corps voisin par quelque point de sa surface, ce
support, qui aurait nécessairement de très-grandes dimen-
sions; s'apercevrait certainement lorsqu'on approcherait
de lui. On le verrait sortir de terre et se perdre dans l'es-
pace. Nous n'avons pas besoin de dire que les voyageurs
qui ont fait en tous sens le tour du globe n'ont jamais
rien aperçu de pareil: la surface terrestre est entiére-