312 LES MERVEILLES CELESTES.
pris pour des volcans n'est autre chose que la créte
blanche de certaines montagnes, dont la forme ou la
strueture sont plus favorablement agencées pour réflé-
chir la lumière. Malgré ces rares apparences de mouve-
ment dans le sol lunaire, on peut toujours dire que,
muet et silencieux, il roule dans le ciel comme un astre
délaissé. Pourquoi cette destinée triste et solitaire? pour-
quoi toute privation de mouvement et de vie? C’est la ques-
tion que lui posait le poéte anglais Shelley :
Es-tu pàle de lassitude,
Fatiguée d’escalader les cieux et de contempler la terre ?
Errant sans compagnon
Parmi des astres de familles différentes,
Et toujours changeante, comme un œil sans gaieté
Qui ne trouve aucun objet digne de sa fidélité ?
Maintenant que je vous ai exposé comment la Lune est
un monde inhospitalier, pauvre et déshérité des dons de
la nature, il faut que je revienne sur mes pas et que j'ar-
rive à vous montrer en lui un monde magnifique, digne de
toute notre admiration et de toute notre estime. Ce n’est
pas que je veuille contredire mes paroles précédentes, à
Dieu ne plaise! mais pour ne pas laisser une mauvaise 1m-
pression à l’égard de notre fidèle amie, je veux rappeler
que la nature, lors méme qu'elle parait disgracier quel-
ques-unes de ses œuvres à certains points de vue, les fa-
vorise sous d’autres aspeets de richesses très-désirables.
Pour un astronome, la Lune serait un magnifique obser-
vatoire. Pendant le jour on peut observer les étoiles en
plein midi et reconnaitre ainsi sans effort qu'elles demeu-
rent éternellement dans le ciel. Chez nous, au contraire,
parmi les anciens, on en voit un grand nombre qui s'ima-
ginaient qu'elles s'allumaient le soir pour s'éteindre le
matin. Si done on fait des études astronomiques sur la
Lune, le Soleil n'est pas un tyran qui vienne dominer le