me rappelait tous les autres. Mon compagnon était animé
des mémes sentiments. Notre reconnaissanceégalant notre
ravissement, nous fimes retentir les airs du nom de ces
mortels à jamais célébres, qui viennent d'en frayer la route
à leurs semblables; nous criàmes plus d'une fois : Vive
Montgolfier ! vive Pilatre ! viventceux qui ont du courage et
de la constance !
« Cependant, monsieur, nos combustibles diminuaient,
et le calme était toujours à peu près le même. Dans dix-
huit minutes à peine, nous avions parcouru une distance de
2,000 toises. Faites vos observations, me dit en ce moment
mon confrère, j'alimenterai le foyer. J’observe le baro-
mètre, les thermomètres et la boussole, et ayant rempli un
flacon de l’air que nous respirions à cette hauteur, je prie
M. Louchet de ralentir le feu; nous descendons d’environ
300 Loises, et je remplis un autre flacon. Il régnait la plus
parfaite harmonie dans nos manœuvres; placés à 15 pieds
l’un de l’autre, nous nous voyions, nous nous entendions
sans peine : notre voyage fut une conversation conti-
nuelle. L'ardeur de mon compagnon augmentait la
mienne.
« Enfin, nous sentimes l'haleine rafraichissante d'un
léger zéphyr qui nous portait mollement vers le sud-est.
Eole exauce done nos voeux! me dit M. Louchet.— Oui, mais
un peu tard. Dans six minutes nous parcourümes plus de
3,000 toises. Alors, n'ayant plus que les combustibles né-
cessaires pour choisir le lieu de notre débarquement,
nous délibérámes si nous ne terminerions pas là notre
navigation aérienne. Nous n'avions ni eau, ni forét à crain-
dre; assurés d'ailleurs d'éviter le danger du feu, en dé-
tachant le réchaud à quelque distance de terre, nous pri-
mes le parti d'aller en avant et de descendre au hasard. A
huit heures cinquante-huit minutes, tout notre approvision-
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