“ de canon, tira sur le ballon aussitôt qu’il fut aperçu au-
262 LES BALLONS.
nacelle et me donnèrent une suite de signaux à répéter
et d'observations à faire. Je me fis élever successivement
de toute la longueur des cordes, 270 toises : j'étais
alors à 55? toises environ au-dessus du niveau de la
Seine : je distinguais parfaitement, avec une lunette,
les sept coudes de la riviére jusqu'à Meulan. Rappelé à
terre, je recus des compliments des membres de la com-
mission, auxquels je ne dissimulai pas l'impression que
pouvait éprouver celui qui, pour la:premiére fois, se
trouverait ainsi isolé à une plus ou moins grande distance
de la terre, et je leur fis sentir la nécessité d’être toujours
deux, c'est-à-dire une personne avec celle qui est à la téte
de toutes les opérations.
« Arrivé à Maubeuge, mon premier soin fut de chercher
un emplacement, de construire mon fourneau, de faire
les provisions de combustibles, et de tout disposer en
attendant l’arrivée de l’aérostat et des appareils qui
avaient servi à ma première expérience de Meudon.
« Les différents corps de l’armée ne savaient de quel
ceil regarder des soldats qui n'étaient pas encore sur l'état
militaire, et dont le service ne leur était pas connu. Le gé-
néral qui commandait à Maubeuge ordonna une sortie
contre les Autrichiens, retranchés à une portée de canon
de la place. Je lui demandai à être employé avec ma petite
troupe dans cette attaque. Deux des miens furent griève-
ment blessés; le sous-lieutenant reçut une balle morte
dans la poitrine. Nous rentrâmes dans la place au rang
des soldats de l'armée.
« Chaque jour nous trouvions des différences sensibles,
soit dans les travaux que l'ennemi avait faits pendant la
nuit, soit dans ses forces apparentes. Le cinquiéme jour,
une pièces de 17, embusquée dans un ravin à demi-portée