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l'aérostat, impatient d'échapper à leurs efforts, quoique
les deux voyageurs fussent déjà dans la nacelle. Ce spec-
tacle nouveau, par un temps magnifique, attira toute la
ville. Les sénateurs eux-mémes, prés d'entrer au conseil,
quittérent leurs stalles en boiserie gothique et accoururent
tout costumés, avec leurs grandes fraises à la Henri IV et
leurs robes noires en forme de soutane.
Voici une partie de la relation adressée plus tard sur ce
voyage aérien au président de l'Académie impériale de
Saint-Pétersbourg.
« Je partis à neuf heures du matin, accompagné de
M. Lhoést, mon eondisciple et compatriote francais, établi
dans cette ville; nous avions 140 livres de lest. Le baro-
métre marquait 28 pouces 0", le thermométre de Réau-
mur 16°. Malgré un faible vent de nord-ouest, l’aérostat
monta si perpendiculairement et si haut, que dans
toutes les rues chacun croyait l’avoir à son zénith. Pour
accélérer notre élévation, je détachai un parachute en
soie, d'une forme parabolique, et ayant dans sa péri-
phérie des cases dont le but était d’éviter les oscillations.
L'animal qu’il contenait, enfermé dans une corbeille, des-
cendit avec une lenteur de deux pieds par seconde, et
d’une manière presque uniforme. Dès l’instant où le baro-
mètre commença à descendre, nous ménageámes notre lest
avec prudence, afin d’éprouver d’une manière moins
sensible les différentes températures par lesquelles nous
allions passer.
« A dix heures quinze minutes le baromètre était à 19
pouces et le thermomètre à 3° au-dessus de zéro. Sentant ar-
river graduellement toutes les incommodités d’un air trop
raréfié, nouscommençâmes à disposer quelques expériences
sur l'électricité atmosphérique. Mes premiers essais ne
réussirent pas; mais je ne tardai pas à en trouver la cause :