158 LES VEGETAUX MERVEILLEUX.
de notre étre une pensée dominante qui nous expri-
mait plus éloquemment que toute autre la brièveté
de notre vie. Les monuments de l’homme vivent plus
longtemps que lui, c'est vrai: mais ils ne sont point
animés par la vie de la nature. Les montagnes aussi
ont assisté aux révolutions séculaires des âges, mais
ce ne sont point des individualités avec laquelle nous
puissions entrer en confidence. L'arbre, au con-
traire, l'arbre comme la fleur, est un individu qui
nous regarde et qui se tient devant nous comme le
témoin calme de notre existence. Cet arbre existait
longtemps avant que nous ayons recu le jour,
ila vu les siécles qui nous ont précédés ; bien des
hommes ont passé à ses pieds, qui furent nos loin-
tains ancêtres durant ces époques pour nous si mys-
térieuses de notre non-existence. Et quand le flam-
beau de notre vie sera consumé, ce même arbre
restera, lui, calme et silencieux comme aujourd’hui,
il refleurira au printemps et de nouvelles généra-
tions viendront se jouer comme la nôtre à ses pieds!
Les grands végétaux comptent leur existence par
siècles. Qui ne connaît le chêne des partisans, dans le
département des Vosges, qui domine de sa tête en-
core verdoyante, le bois de Saint-Ouen au-dessus de
Sauville? Un jour (c’était le 30 septembre 1866) nous
eùmes la curiosité de le mesurer. Sa hauteur est de
95 mètres, son envergure de 25, sa circonférence
à hauteur d’homme est de 67,65, sa circonférence
aux racines, à 4 pied de hauteur, est de 117.50.
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