120 L'ART NAVAL,
d'ivoire, d'argent et de naere. Le navire renfermait
une salle commune, une bibliothèque et un corps
de garde pour les ‘soldats, défendu par de grosses
tours de bois, remplies d’excellentes machines de
guerre. Cette galère monstrueuse était de douze
mille tonneaux. Aussi n’est-il point surprenant qu'il
ne se soit trouvé dans toute la Sicile aucun port ca-
pable de lui donner asile, si bien qu Hiéron dut se
décider à en faire hommage au roi d'Égypte.
S'il faut en eroire ce méme Athénée et Plutarque,
certain vaisseau de Ptolémée Philopator ne fut ni
moins colossal ni moins splendide. « Sa longueur
était, disent-ils, de 420 pieds, sa largeur de 60. TI
était, depuis le fond, partagé en douze étages; sa
proue s'élevait de 72 pieds au-dessus de la mer. Un
triple éperon armait l'avant de ses pointes bizarres.
Quarante rangées de rames poussaient sa masse gi-
gantesque; celle du dernier ordre avaient 72 pieds
de longueur, mais le manche, chargé de plomb, les
maintenait en équilibre et faciles à mouvoir. Deux
mille soldats garnissaient les plates-formes des
tours ainsi que la galerie posée au-dessus des
rames, Des bosquets, des parterres, semés des fleurs
les plus rares, peuplés des oiseaux les plus curieux,
récréaient, par leurs couleurs variées, les regards
de l’orgueilleux monarque; les métaux les plus pré-
cieux rehaussaient sa poupe sculptée, et. couraient
en capricieuses astragales le long de ses vastes