XX
AVERTISSEMENT.
» Vous en croirés ce qu'il vous plaira, mais si c'estoit par hasard vostre
» pensée, apprenés donc, Monsieur, que vous n'avés pas touché au but. Je
» ne songe, en vous offrant les Dialogues italiens du Systeme de Galilée, qu'à
» faire une action de justice et à vous rendre maistre de l'ouvrage d'un auteur
» qui ne passeroit, s'il vivoit, que pour vostre disciple (!). Recevés donc ce
» present comme vous estant deu, et ne me considerés point en ce rencontre
» comme un adroit negotiateur, mais comme un bon juge qui rejette comme
» une tentation l'idée de vostre grande et fameuse bibliothéque et ne se sou-
» vient que de la passion qu'il a d'estre tout à Vous. »
V
Le premier projet d'édition compléte et les papiers de Libri.
A défaut des autographes de Fermat, on posséde diverses copies, plus ou
moins anciennes, de piéces ou de lettres soit déjà publiées, soit inédites.
L'attention fut pour la premiére fois appelée sur ces copies, lorsque Libri,
dans un article du Journal des Saeants de septembre 1839, annonca qu'il
venait d'aequérir d'un libraire de Metz, par l'intermédiaire du capitaine d'ar-
tillerie (depuis général) Didion, un lot de manuscrits provenant de la biblio-
théque de Francais et ayant antérieurement appartenu à Arbogast. D'aprés
les détails qu'il donnait sur le contenu de ces manuscrits, en particulier sur
les matériaux inédits réunis et copiés par Arbogast, d'aprés ce qu'un article
subséquent (Journal des Savants, mai 1841) révéla sur les conditions défec-
tueuses dans lesquelles s'était faite l'édition de 1679, aucun assentiment ne
pouvait étre refusé à l'idée de réunir, dans une publication d'ensemble, les
(Euvres déjà imprimées ou encore inédites du grand géométre de Toulouse.
Villemain, alors Ministre de l'Instruction publique, prit l'initiative d'un
projet de loi, présenté le 28 avril 1843, pour faire cette publication aux frais
de l'État. Lorsque ce projet eut été consacré par le vote des deux Chambres,
Libri fut naturellement chargé, en 1844, de diriger la nouvelle édition, et on
lui adjoignit un jeune mathématicien, Despeyrous (mort, le 6 aoüt 1883.
professeur à la Faculté des Sciences de Toulouse). La collaboration n'aboutit
(1) Pour comprendre ce singulier éloge, il faut savoir que, quoique Carcavi n'ait rien
publié sur la matiére, il n'en avait pas moins profondément spéculé sur les systemes
astronomiques. Son aetion en faveur de la conception de Copernic, pour prudente qu'elle
ait été, fut certainement trés efficace dans le milieu scientifique oü il vivait à Paris. Le
langage de Fermat atteste, d'ailleurs, que les idées de son ami étaient indépendantes de
celles de Galilée.