hh0 (EUVRES DE FERMAT. — TRADUCTIONS.
arrivé, mais encore quelle route j'avais suivie; pour ne pas avolr été
rompre le pont sur lequel j'avais passé le fleuve; d'autres peuvent le
faire, mais on s'en plaint assez.
Votre tres noble correspondant avance encore que certaines de mes
propositions peuvent étre démontrées par la méthode d'Archimede. Je
n’en doute nullement; j'ai même indiqué plusieurs fois (Arithm. In-
fin., pag. 38, 83 et ailleurs) qu'il était facile de le faire; mais j'ai dit
aussi pourquoi je ne l'avais pas fait moi-méme; il n'a donc pas sujet
de s'enquérir des raisons du choix de ma méthode, quand je les ai in-
diquées dins le cours de mon Ouvrage.
Il n’y a guère, je crois, personne, je ne parle pas des arithméticiens
de trivio, mais aucun géomètre un peu exercé (à plus forte raison
quelqu’un de tel que lui) qui ne puisse facilement, sur mes démon-
strations, en forger d’apagogiques et semblables à celles d’Archimède.
Aussi, pour sa promesse de le faire lui-même, je n’ai certes pas à
dédaigner son travail là-dessus, mais aucune nécessité ne l’oblige à
se charger d’une telle entreprise, alors que ce qu’il annonce devoir
faire a déjà été précisément accompli par Cavalieri, dans son Traité
De l’usage des indivisibles dans les puissances cossiques (5. Cependant,
s'il veut apporter son suffrage, je n'ai pas à le récuser.
Si enfin il repousse comme une forme de preuve illégitime l’induc-
tion, qui a été suffisamment employée tant par les Anciens que par les
Modernes, plus souvent peut-être qu'il pourrait le penser de prime
abord ; s'il veut méme écarter l'emploi des notes algébriques, partout
répandues aujourd'hui, je n'ai certes pas à être aucunement préoccupé
de rédiger une apologie sur ce chef. J'ai agi dans mon droit, suivant
la voie qui me plaisait; il a de même le plein droit d’en suivre une
autre, s'il le préfère ; mais je ne doute pas que ce qu'il blàme, d'autres
le loueront.
Il reste encore un point que je dois prendre surtout à cœur; j'ai, à
propos du centre de gravité, à dégager ma parole et à détruire l'accu-
(1) De usu eorundem indivisibilium in potestatibus cossicis est le titre de la quatrième
des six Exercitationes geometricæ publiées par Cavalieri en 1647.