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harmonie , comme il est des oreilles pour les=
quelles la musique n’est qu’un vain bruit; mais
c'est une erreur de croire que l’étude des scien-
ces émousse le sentiment de la poésie; bien
plus, elles ont, quand elles atteignent certaines
hauteurs, une naturelle affinité pour elle; et ce
n’est pas sans avoir entrevu cette vérité, que le
grand poète de Rome a dit : « Heureux celui
qui peut connaître la cause des choses ! »
Notre temps présent, qui a été jadis de l’a-
venir, deviendra à son tour du passé ; et il ar-
rivera une époque où toute notre science parai-
tra petite. Ce que Sénèque a dit de son siècle ,
nous pouvons le répéter pour le nôtre: la pos-
térité s’étonnera que nous ayons ignoré tant de
choses. Le bruit des renommées ira en s’affai-
blissant par la distance du temps, comme le
son baisse et s’amortit par la distance de l’es-
pace. Nos volumes, tout gressis par la science
contemporaine , se réduiront à quelques lignes
durables qui iront former le fond des livres
nouveaux. Mais dans ces livres, à quelque
degré de perfection qu'ils arrivent, quelque
loin que soient portées les connaissances qu’ils
renfermeront sur la nature, quelque élémen-