LE BOMBARDIER: FRANÇOIS: 21
120 toifes, la premiere fe trouva beaucoup trop courte , parce: qu’il
étoit arrivé quelque dérangement au couilinet , mais on en. tira une
feconde au même degré que la précedente , qui fut à 18 toiles 3
pieds, & une troifieme à 121 toiles : enfin on demandä des portées
beaucoup plus grandes encore , qui allerent affez bien tant qu’on ne
fe fervit point:de terre... [
— Quelques jours après avoir fait ces premieres épreuves, on en récom-
mença d’autres pour tirer avec de la terre; on jetta des bombes de def-
fein prémeditéà 200, 250, &à 300 toifes; dont les portées s’accorde-
rent paffablement avec les T'ables, mais pas fi juftes que quand on tiroit
avee de la poudre feulement ; on en jetta d’autres 4, 5; & 600 toiles,
dont les portées fe trouverent plus courtes de 8 à 10 toifes qu’elles'ne
devoient être ; ce qui vient de la réfiftance de l’air, qui fait que dans
les grandes amplitudes, la ligne que décrit la bombe n’eft point une pa-
rabole, fi l’on veut prendre les chofes à la rigueur, fa defcenfion étant
moindre que fon afcenfion, c’eft-à-dire, que le chemin qu’elle fait en
defcendant eft plus petit que celui qu’elle parcourt en montant, comme
j'en ai été convaincu par nombre d’obfervations.: mais on peut cotri-
ger ce défaut , comme j’ai déja dit, en prenant dans la colonne du coup
d’épreuve le degré d’élevation relatif à une portée autant au-deflus de
celle que l’on veut tirer, qu’on s’eft apperçû avoir été au-deflous , & c’eft
ce que jai fait avec quelque fuccès, malgré la grande diftance où je
tirois alors, les portées ne differant entr’elles que 3 ou 4 toifes en deça
ou en delà du but, qui eft tout ce que lon peut défirer dans la prati-
que, où l’on n’a point égard à 6 ou 7 toifes plus ou moins.
Au commencement du mois de Mai 1731, ayant reçû de l’Impri-
merie Royale un exemplaire des Tables qu’on venoit d’achever d’im-
primer, les Officiers, de Royal-Artillerie du bataillon de M. de la Per-
relle, & ceux de l’Artillerie m’ont engagé à faire de nouvelles épreu-
ves qu’ils ont fuivies pendant plufieurs jours avec beaucoup d’applica-
tion, & nous avons tiré enfemble des bombes de deffein prémedité
avec toute forte de mortiers à ÿ0, 112, 150, 200, 250, & à 300
toifes de diftance, qui ont fort bien réuffi, comme on le peut voir
par la relation qu’ils en ont faite eux-mêmes, & que j’ai rapportée à
la fin de ce difcours. :
La conclufion de toutes ces épreuves, d’où s’enfuit celle des’T'ables,
c’eft que lorfqu’on chargera les mortiers avec précaution, on pourra
toujours tirer des bombes depuis 20 toifes de diftance jufqu’à 4 & 500-
toiles avec affez de jufteffe, qui eft tout ce que l’on peut défirer dansles
b 2 - dieges,