rt, LE BOMBARDIER FRANÇOIS
fieges, puifqu’il arrive rarement que les batteries fe trouvent auffi éloi-
gnées des ouvrages de la place : c’eft pourquoi je voudrois, quand on
n’en eft qu’à des diftances moyennes , qu’on ne tirât qu’avec de la pou-
dre feulement , ne pouvant douter quela terre n’apporte beaucoup d’al-
teration à l’égalité des portées , par la difficulté de l’employer toujours é-
galement. Il eft vrai que la confommation de poudre fera un peu plus
grande, mais cette confideration eft de peu de conféquence , quand il
eft queftion de l’attaque d’une place, dont la reddition dépend bien
fouvent de quelques bombes jettées heureufement fur un édifice eflentiel
à la garnifon : d’ailleurs ne conviendra-t-on pas, que fi l’on en jette une
douzaine à propos , elles feront plus d’effet que cent tirées au hazard.
S'il s’agit d’un bombardement, & qu’on foit beaucoup plus éloigné
que je ne viens de le fuppofer, alors ayant toute l’étenduë d’une ville
pour objet, & qu’il ne fera peut-être queition que de certains quartiers
pour les ménager ou détruire par préference, on pourra employer de
la terre pour charger lesmortiers, & n’y pas prendre garde de fi près ;
puifqu’il fera indifferent que les amplitudes foient de 10 ou 12 toiles
plus longues ou plus courtes; les bombes feront toujours leurs effets,
foit dans un endroit foit dans l’autre.
Quand je dis que pour tirer plus jufte on ne doit point fe fervir de
terre , j'entends qu’on peut fe difpenfer d’en mettre dans la chambre dw
mortier, fe contentant feulement d’en entourer la bombe pour empê-
cher que le feu dela fufée né communique à la poudre par quelque é-
tincelle, & ne faile partir la bombe plutôt qu’on ne voudroit, qui eft
tout le mal qui peut en arriver : on pourroit même fe f{ervir* d’étou-
pille attachée à la fufée, dont les extrémitez venant à aboutir au fond
du mortier, prendroient feu en même tems que la charge, & le com-
muniqueroient à la fufée, comme on le pratique quelquefois. On dira
peut-être que ne mettant point deterre fur la poudre, il eft dangereux
qu’en mettant la bombe dans le mortier elle ne rencontre quelque gra-
vier ,. qui venant à faire feu , cauferoit quelques malheurs : quoiqu’it
n’y ait guére d'apparence que cela arrive, 1l faut toujours prendre: fes
mefures, foit en frottant la bombe avant de la placer, ou'en. fermant
l'entrée dela chambre par tel moyen qu’on voudra, pourv qu’on. a-
giffe toujours de même , ou encore en mettant un lit de terre: fur la pou-
dre d’un pouce d’épaiffeur fans. la prefler; carenfin tout ce que je de-
mande, c’eft qu’on s’y prenne de façon à charger toujours également,
au lieu que fi on emplit la chambre de terre qui peut fe rencontrer plus
feche une fois que l’autre, ou en plus ou moins grande. quantité. &
qu’on: