4 LE BOMBARDIER FRANÇOIS,
non plus que l’on pourra abfolument fe pafler de tous les fecours que
l’art & l’induftrie peuvent fuggerer ; & fi le Roi a établi des écoles pour
l’Artillerie, ce n’a été qu’afin que l’on fe mîten état de faire par prit-
cipe , ce que l’on ne faifoit autrefois qu’à tâtons: mais fuppofant qu’il
y ait de la difficulté à mefurer le coup d’épreuve, lorfque les. mortiers
font en batterie , quelle néceffité y a-t-il d’attendre qu’on en foit là?
Ne fe trouve-t-il pas aflez d’endroits commodes aux environs d’une
place affiegée, pour faire ces fortes d'épreuves avec toute l’attention
qu’elles demandent? Et dès qu'on faura la portée de chaque mortier
à 15 degrez , pour deux ou trois charges différentes, en voilà affez
pour tirer à toutes les diftances que l’on voudra. On peut même faire
ces épreuves dans les places d’où l’on aura tiré les mortiers, & avoir
un état de la portée de chacun {elon leurs calibres 8 leurs chambres,
pour une demi-livre de poudre, une livre, une livre & demie, deux
livres, Sec. & s’en fervir pour trouver dans l’occafion la colonne où il
faudra prendre le degré d’élevation que l’on voudra donner au mortier.
Après avoir expofé ce que j'avois à dire fur les’T'ables, j’ai crû de-
voir les faire préceder par quelques remarques fur la pratique du jet des
bombes, qui pourront dans l’occafion avoir leur utilité : cette partie
de l’Artillerie eftfi difficile, que la Théorie feule ne fuffit pas, 1l faut
de la pratique, & une pratique étudiée , qui fache remedier à tous les
inconveniens aufquels le jet des bombes eft fujet. J'ai crû aufli qu’on
me fauroit bon gré d’accompagner les'Tables d’un petit traité des feux
d'artifice les plus en ufage à la guerre ; ce qui convient d’autant mieux,
que la plufpart ont rapport aux mortiers : & comme il eft effentiel de
bien connoître la caule des effets de la poudre , pour raifonner jutte
fur toutes les chofes que l’on execute par fon moyen ; j'ai commencé
ce traité par l’eflai d’une théorie fur ce fujet, j'ai travaillé avec toute
l’application dont je puis être câpable; & comme je compte n’avoir
fait qu’ébaucher lamatiere, je ferois bien fatisfait de l'emploi de mon
tems, fl ce que je rapporte pouvoit exciter des perfonnes plus habiles
que moi, à fuivre les mêmes vûës, & à faire mieux.
Les feux d’artifice qui fe font dans les réjouiflances , ‘comprenant
plufieurs piéces qui peuvent être utiles à un fiége pour donner des fi-
gnaux; & la compotition des autres en. fort intereffan-
te, j'ai voulu auflt pour fatisfaire plufieurs perfonnes qui m’y ont en-
gagé, en donner un. traité :- cependant ; comme je me fuis peu exer-
cé dans cette partie de la Pyrotechnie , pour ne rian rapporter de mé-
diocre, j'ai eû recours à M.de Waren Lieutenant d’Artillerie de M;
le