LE BOMBARDIER FRANÇOIS. 15
le Duc de Lorraine, qui eft connu pour l'homme du monde Ie plus
au fait de cette fcience, ayant fait executer un grand nombre de ma-
gnifiques feux d'artifice pour le plaifir de fon Priñce. Comme un com-
merce de Litterature nous lie d’amitié depuis long-tems, je l’ai prié
de m’aider de fes lumieres; & c’eft ce qu’il a fait de bonne grace, a-
yant compofé tout exprès, pour contribuer à ma fatisfattion, letrai-
té que l’on trouvera à la fin de la feconde partie de cet ouvrage.
Les chofes qui font de pure théorie , étant fujettes à être contre-
dites par la plûpart de ceux qui ne s’attachent qu’à la pratique, j'ai
crû que le témoignage de la pratique même , -donneroit plus d’auto-
rité à l’utilité de mes Tables , que les raifonnemens les plus forts ;
ceft pourquoi je joins ici le jugement qu’en ont porté les Officiers
de Canoniers , de Bombardiers, & de l’Artillerie , qui font attuel-
lement aux Écoles de la Fere.
TOUS CAPITAINES au Regiment Royal-Artillerie , Ba-
taillon de la Perrelle , cevtifions avoir fuivi & examiné a-
vec attention les Epreuves qui ont été faites par M. Belidor à l'Es
cole de la Fere , pour vérifier fi par le moyen des Tables qu’il a
calculées pour le jet des bombes , il étoit poffible d'en jetter avec
jufleffe à telle diffance que l'on woudroit ; dans lefquelles Epreu-
ves mous avons vû ce qui fuit.
Le 26. Avril 173 1. M. Belidor s’eft fervi d'un Mortier de
1 2. pouces à chambre poire qu'il a chargé d'une livre de poudre ;
ayant pointé le Mortier à 15 degrez, il a tiré plufieurs coups d'é-
preuve dont la'portée moyenne a été de 30 toifes. Nous lui avons
propofé d'aller à so. M. Belidor » qui avoit porté fes Tables à la
batterie, mous expliqua la maniere de s’en fervir : fuivant ce qu'il
nous dit 5 mous y cherchdmes l'angle fous lequel à! falloit tirer pour
avriver à cette portée {ce que nous avons toûjours fait dans tou-
tes les épreuves fuivantes) C5» nous vimes que l'on devoit pointer
à 28 degrez 13 Minutes, ‘on tira deux bombes qui furent de quel-
ques toiles trop lim. M. Belidor ayant fait voir comment il fal-
loir corriger par les Tables mêmes les premiers coups que l'on tiroit
après