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15 ER VAR À
276 LE BOMBARDIER FRANÇOIS,
Poudre depuis qu’elle s’eft rendue fi néceffaire, ceux qui voudroient
la traiter aujourd’hui, auroient uk grand avantage, & pourroiïent
efperer qu’en profitant des lumiéres des autres , ils iroient plus loir:
mais c’eft ce qui ne fe rencontre point , puifqu’excepté quelques
traits répandus dans les Mémoires de. l’Académie Royale des Scien-
ces , & qui m’ont béaucoup fervi, je n’ai rien trouvé ailleurs qui ne
foit au-deffous du médiocre ; de forte que je fuis à peu près dans le
cas de ceux qui ont été obligez de tirer tout de leur propre fonds,
c’eft pourquoi je demande la même grace qu’on a coûtume de leur
accorder. |
La poudre fut inventée dans le commencement du x1vme, fiécle,
par un nommé Bertulde Schward , Cordelier originaire de Fribourg,
qui s’appliquoit à la Chymie , & l’on prétend que ce fut par un pur
hazard qu’il découvrit un phénomene fi furprenant. Or pour en par-
ter avée methode , je confidere que les effets de la Poudre doivent
néceffairement dépendre, 1°. des proprietez de l’air , car la Poudre
n’eft qu’un feu qui a la vertü de mettre l’air en action , après quoi
c’eft lui feul qui produit tour le refte, comme je le prouverai. 2. Des
qualitez des matieres dont elle eft compofée, c’eft-à-dire du Salpêtre,
du Soufre & du Charbon , afin de voir comme elles agiffent les unes.
par rapport aux autres, & la néceflité de leur mélange. 3°. De quelle
maniere elle senflamme, & felon quclle loi fe fait cette inflammation,
Je vais donc examiner chacun de ces fujets en particulier : mais com-
me ils paroîtront' peut-être ‘un peu abftraits à ceux qui n’ont pas une
grande connoiffance de la Phyfique , 1l eft bon de les avertir de ne
point paffer d'article legerement , n’y en aiant aucun qui ne foit effen-
tiel pour l’intelligence de ce Memoire.
Comme l’air a de la pefanteur , celui que nous refpirons étant
thargé du poids de toute l’athmofphere, il doit faire autant d’effort
pour fe dilater , que celui dont ‘il eft chargé en fait pour le compri-
mer y..&'le premier n’agiffant contre celui-ci , que par la’ vertu de
reffort qui lui eft propre, l’on peut dire que l’air qui répond à la fur-
face de la terre, eft en équilibre par fon reffort avec taut le poids de
Pathmofphere. Le {
Si l'on demande en quoi. confifte le reffort de Pair, on nepeut
mieux le concevoir , qu’en fuppofant qu’il eft compofé d’une infinité
de petites lames, qui étant comprimées par une force étrangere, font
effort pour fe débander, & fe remettre dans leur état natürel; ce- qui
leur donne une force élaftique, qui eft dans la raifon des poids dont
elles