LE BOMBARDIER- FRAN ÇOIS. 27%
efles font comprimées; ou, ce: qui eft la même chofe, dans la raifon
inverfe de la diminution du volume qu’elles occupoient auparavant la
compreffion. Quand je dis que le reflort de Pair eft compofé de pe-
tites lames , je ne prétends pas que cela foit abfolument, puifque nous
n’avons aucune connoiflance de fa figure : l’on eft feulement für de
l’exiftence de ce reflort, parce que c’elt un fait d'experience ; & pour
fixer l’imagination , on peut fuppofer qu’il eft compofé de petites la-
mes : & quand il feroit tout à fait différent , fes proprietez n’en fe-
roient pas moins les mêmes. [ |
L'air a auffi la vertu de fe rarefier par le feu; car, comme l’attion
de la chaleur confifte dans la matiere fubtile mife en mouvement,
quand cette matiere vient à s’infinuer dans une certaine quantité d’air,
elle en développe les lames , qui occupent alors un bien plus grand
volume qu’auparavant, fi rien ne leur fait obftacle; mais fi elles font
retenues, & comme emprifonnées par la réfiftance de quelque corps,
elles font effort de toutes parts contre ces mêmes corps , pour les
écarter. Or comme plus le nombre de ces refforts fera grand , étant
renfermez, & plus la force élaftique de l’air fera confiderable, quand
il fera mis en action par la chaleur. Il s’enfuit que l’air condent# ve-
nant à fe rarefier, eft capable d’une bien plus grande force élaftique,
que s’il étoit en équilibre avec celui que nous refpirons ; & qu’ainfi
la force du reffort de l’air renfermé augmente encore dans la propor-
tion inverfe de la diminution de fon volume, quoique rarefié avec un
même degré de chaleur. [ {
L’humidité augmente auffi de beaucoup la force du reffort de l’air,
foit qu’on le condenfe, ou qu’on le rarefie : car , comme l’humidité
refferre les petites lames dont nous fuppofons que l’air eft compolé,
elles fe preflent mieux les unes contre les autres, & par confequent il
en peut contenir une plus grande quantité qu’auparavant dans un mé-
me efpace. Je ne m’arrefterai pas à donner des raifons plus particu-
lieres des proprietez de l’air , l’experience qui décide fouverainement,
& qui eft conforme à ce que nous venons de dire , en eft la preuve
la plus convaincante. Mais pour bien concevoir les effets de la rare-
faltion & de la condenfation, afin de les mieux rapporter à la Poudre,
il eft bon avant toutes chofes, d’être prevenu de ce qui fuit. :
Si l'on imagine un globe creux, d’une épaifleur infenfible, d’un pied
de diametre , rempli d’air tel que le nôtre y qui ne puiffe fortir par
aucune ouverture , cet air fera en équilibre par fon reffort avec celui
de dchors, mais comme une colomne de ce dernier, qui auroit un
Mm 3 pied,