LE BOMBARDIER FRANÇOIS. 279
liberté de dilater Pair avec lequel elle eft metlée : c’eft-à-dire , par
exemple , qu’un pied cube de Poudre allumée répand une flamme
dont le volume elt de-quatre mille pieds cube , & même un peu au-
delà. Or pour bien concevoir en quoi confifte cette rarefa<tion , il
faut confiderer qu’elle n’eft autre chofe que l’air même qui étoit ren-
fermé dans les grains de Poudre , & celui qui étoit entre leur inter-
valle , mis en action par le feu du Soufre & du Charbon qui l’ont
entierement dilaté; c’eft-à-dire, que fes parties font {feparées les unes
des autres par le mouvement de la matiere fubtile, que l’on peut
prendre ici pour le feu même, par confequent la Poudre allumée
m’eft qu’un fluide à reffort ,
Si l’on fuppofe prefentement le globe d’un pied de diametre rem-
pli de Poudre, & que cette Poudre pût s’enflammer entierement,
fans que la furface en fût ébranlée ; elle fe changera en un fluide
qui augmenteroit fon ‘volume , c’eft-à- dire celui du globe , de
quatre mille fois, fi elle avoit la liberté de ferdilater : mais en
étant empêchée , elle fera donc le même effort fur le globe que
ci-devant, en y fuppofant l’air rarefié de quatre mille fois , c’ett-
à-dire , qu’il fera de 23332000. livres : car la Poudre allumée,
fera le même effet que l’air rarefié par telle caufe que l’on vou-
dra , quand l’un & l’autre tendront à fe’ dilater également , puis-
que leur force ne confifte qu’en cela. On trouvera donc auffi , en
füuivant le même principe , l’effort que la Poudre fera dans le cube
& dans le cylindre 5 car ayant vû que dans le cube , par exem-
ple , l’air naturel ÿ fait un effort de 13392. livres étant rempli de
Poudre , il s’en fera par confequent un de quatre mille fois plus
grand , c’eft-à-dire, de 53568000. livres : il femble donc qu’il ne
paroit pas qu’il foit impofliole de foumettre la force de la Poudre au
calcul, quand on en connoîtra la quantité , & qu’on faura là figu-
re de la chambre où elle fera renfermée ; mais ce qui pourroit peut-
être empêcher qu’on ne pût rendre ce calcul bien exadt , c’eft qu’elle
ne s’enflamme pas toute à la fois dans le même inftant , & que les
corps qui lui réfiftent , cedent dès qu’elle commence à s'enflammer :
& c’eft ce qui fait qu’un boulet de canon eft forti de la plece avant
que toute la Poudre ait pris feu, & que lesbombes & les grena-
des crevent dès qu’une partie de leur charge eft enflammée , ne
Pétant jamais entierement quand elles éclatent , comme on le re-
marque par l’impreffion que celle qui s'allume après , fait dans Pen-
droit où ces corps font tombez : mais on pourroit furmonter ces
diffi-