Full text: Le Bombardier François, Ou Nouvelle Méthode De Jetter Les Bombes Avec Précision

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Le BOMBARDIER FRANÇOIS, 293 
que le métal fera plus échaufté. Cependant il eft à remarquer que fi 
l’on tiroit avec de la poudre qui eût contracté un peu d’humidité, les 
coups qui feroient tirez immediatement après le premier , pourroient 
donner à peu près les mêmes portées, fur-tout fi la piece eft chargée 
pendant quelques minutes, parce qu’elle pourra fe fecher par la cha- 
leur du métal , s’enflammer plus promptement, & regagner par fa vi- 
teffe ce que le reffort de l’air auroit perdu; mais cela ne pourroit avoir 
lieu que pour les premiers coups, puifque fur la fin, comme je l’ai dé- 
ja dit, la piece venant à s’échauffer beaucoup , les portées feroient 
plus courtes. L’on m’a objetté que dans les fiéges où le canon tiroit 
confécutivement, on étoit obligé de diminuer la charge, à caufe que 
la piéce s’échauffant de plus en plus, la Poudre. regagnoit ce qu’elle 
avoit de moins par l’action de la chaleur : mais je ne crois pas que 
dans de pareilles occafions, on y ait pris garde de fi près , pour voir 
fi le boulet étoit chaflé avec plus de violence , à mefure que la piece 
étoit plus échauffée : je crois plutôt qu’on eft obligé de diminuer la 
Poudre pour ménager le métal , qu: fouffriroit beaucoup fi on char- 
gcoit toujours de même, & c’eft pour cela que de tout tems on laiffe 
repofer les pieces pour les rafraichir. 
Par toutescesraifons l’on voit que la Poudre qui eft renfermée dans 
la chambre d’une Mine, loriqu’élle n’y refte pas affez long-tems pour 
ÿ contracter de l’humidité, doit faire beaucoup plus d’effet que fi elle 
étoit dans un autre endroit où elle auroit les mêmes obftacles à fur- 
monter , mais dont l’air ne feroit pas fi condenfé qu’il l’eft dans les lieux 
bas, par conféquent plus la Mine aura de ligne de moindre refiftance, 
& plus l’effet de la Poudre fera violent : & c’eft auifi ce qui fait que 
les feux foûterrains font des efforts fi prodigieux, & de fi grands bruits, 
l’air y étant beaucoup plus condenfé que fur la furface de la terre. Mais 
il y a bien autre chofe à dire fur la Théorie des Mines, qu’on ne peut 
expliquer que -par celle de la Poudre. 4, 
Après avoir écrit cette Théorie de la Poudre , jai crû que pour mon 
inftruétion je devois la communiquer aux plus habiles gens, pour fa- 
voir quel en feroit le jugement : j'en ai repandu un nombre de copies 
en France, & dans les pays étrangers , principalement aux Académies 
Royales d’Angleterre & de Prufle , qui m’ont témoigné en avoir été 
fatisfaites ; celle de Prufle l’a même jugée digne d’une traduction lati- 
ne, qu’elle a fait imprimer dans le recueil de fes Memoires. Cepen- 
dant beaucoup de perfonnes m’ayant fait entendre qu’elles n’étoient 
pas perfuadées que les premiers coups des pieces d’Artillerie portoicnt 
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