L96 LE BOMBARDIER FRANÇOIS. °
COMPOSITION DES FEUX D'ARTIFICE
les plus en ufage à la Guerre.
—ethes.
Maniere de charger les Bombes & les Grenades.
UovquE la maniere de charger les Bombes & les Grenades foit
affez connue, jai crû qu’il ne féroit pas inutile d’en dire quel-
que chofe pour ne rien obmettre de ce qui peut appartenir à
mon fujet. On fe fert de Poudre grenée bien féche , qu’on introduit
dans les Bombes au moyen d’un entonnoir de cuivre ou de fer-blanc,
& on s’ÿ prend de même pour les Grenades. |
Avarit que de charger les Bombes , il faut les examiner , pour
voir fi elles font bien nettes en dedans , s’il n’y a point de fouf-
flures en dehors, & s’il n’y a point d’échancrures ni de barbes à la
lumiére. [
À l’égard des Grenades, elles demandent bien plus d’attention en-
core, pour éviter les accidens qui n’arrivent que trop fouvent aux
Grenadiers , qui fe bleffent ou s’eftropient en jettant les Grenades: il
faut des gratoirs de cuivre pour les vifiter intérieurement, & foufiler
dedans pour voir s’il n’y a point de trou.
L'expérience a fait voir qu’il falloit mettre 15 liv. de Poudre dans
une Bombe de 12 pouces , laquelle pefe toute chargée environ 145
liv; qu’il en falloit 4 liv. dans une Bombe de 8 pouces , pefant toute
chargée environ 40 liv. qu’il en falloit 3 liv. dans une de 6 pouces,
pefant toute chargée un peu plus de 23 liv. Enfin qu’il falloit 30 Liv.
de Poudre dans une Bombe de 17 pouces 10 lignes de diametre , qui
pefe toute chargée environ 520'liv. mais ces derniéres ne font plus
guére d’ufage. -
Quand on a chargé les Bombes & les Grenades , on met les fufées
dans la lumiére, après en avoir coupé le petit bout en efchiquier : au-
trement le feu pourroit être coupé, parce que le bout de la fufée ve-
hant à être ferré contre le culot de la Bombe ou de la Grenade , qui fe
trouve fouvent plus fort qu’il ne devroit être , il n’y auroit point de
communication à la Poudre, ce qui les rendroit fans effet, elles pour-
roient même fervir à l'ennemi en y mettant une nouvelle fufée.
Ayant écarté la Poudre qui fait réfiftance à l’entrée de la fufée, on
la