LE BOMBARDIER FRANÇOIS. 317
auront à foûtenir ; & outre qu’elles refifteront beaucoup mieux que
le bois, les éclats n’en feront point du tout dangereux : une perfon-
ne vêtuë de cuir , fe tiendra au milieu de quelque feu d’artifice que
ce foit , fans craindre les coups 3 c’eft pourquoi j’appellerai cartou-
ches ces boëtes de carton , de quelques efpeces qu’elles foient , y en
ayant d'autant de façons qu’il y a de pieces de feu; leur compofition
étant renfermée dans des boëtes de carton’ petites ou grandes. ‘
Pour lier enfemble le papier ou le carton de toute forte de car-
touche , on fe fert de colle de pâte , qui fe fait avec de la fine
fleur de froment , & de l’eau de fontaine , comme la bouillie;
quand on la deftinera à coller de petites cartouches , il la faudra
moins forte de farine , que quand on en voudra faire de carton,
ou pour de gros ouvrages , ceux qui n'auront pas d’idée de cette col-
le, pourront aller chez les Cartiers , ou chez les Relieurs de livres,
où ils en trouveront.
Pour la conftrution de toutes efpeces de cartouches; on ne fe fert
que de cartes à jouer , de papier, & de carton: je n’ai jamais vû em-
ployer dans leur formation que du papier gris de deux efpeces ; l’une
dont la feuille a 16 pouces de longueur fur 13 de hauteur, & l’autre
dont les feuilles ont 21 pouces de large fur 16 de haut.
Outre que ce papier gris eft d’une bien moindre dépenfe , que
d'autre, qui feroit plus fin , étant plus épais , on parvient plutôt à
donner aux cartouches la groffeur qu’il faut qu’elles ayent. On fe fere
auffi dans certaines occafions de papier au double C,, les feuilles en
font blanches, & ont 12 pouces & demi de haut fur 16 pouces de
large: on verra dans la fuite en quelle occafion on l’employe. |
Pour lier les differentes pieces d’artifice, on fe fert de fil retors de
deux brins, - fait avec de bon chanvre , fans aucun appreft, & de la
bonne ficelle. [
Le coton en fil & en feuille eft encore de grand ufage; voici com-
me on prépare l’un & l’autre.
Le coton en fil fe met en fix brins, comme on voit les meches de
chandelles ordinaires ; & chacun de ces brins peut avoir 5 ou 6 toifes
de longueur , comme on le peut voir en la figure 2. de la troifiéme
planche; puis on le joint enfemble, ainft qu’il paroît en la figure 3.
après quoi on le trempe dans un vaiffeau de terre verniflé, où l’on aura
délayé de la poudre avec de l’eau commune bien nette; quand ce coton
aura été abfolument penetré de cette liqueur noire médiocrement li-
quide, & qu’il reflemblera à celui qui fe voit dans les écritoires,on le
Rr 3 pref-
Planche 17%