336 Le BOMBARDIER FRANÇOIS. 
CHAPITRE IV, 
Où l’on enféigne la méthode de faire trois efpeces de fufées volan- 
tes pour les fignaux & pour les rejous/fances, la façon de les tirer, 
la maniere d’en compofer des roues ou girandoles, d’en faire des 
courantins , & d’en former des gerbes de feu, { 
Blanche V. 
ANS m'arrêter à faire l’énumeration des noms différens que l’on 
S donne aux fufées volantes, J’enfeignerai la méthode d’en faire de 
trois efpeces, de petites , de moyennes & de grofles , me bornant à 
celles qui font le plus en ufage; d’autant que celles qui font plus petites 
que les moindres que l’on verra ci-après, ne font prefque point d’effet, 
& que de plus grofles que les plus fortes dont je parlerai, font dange- 
reufes, parce que leurs baguettes étant d’un grand poids, font beau- 
coup de fracas en tombant fur les toits qu’elles britent, & que d’ailleurs 
elles font capables de tuer les perfonnes qu’elles attraperoient dans 
leur chûte. 
Pour faire les fufées volantes, il faut avoir un moule de bois bien 
{ec , comme de poirier, de forbier, de buis ou de quelque bois pareil, 
on verra la forme par la 3. figure de la v.e Planche. Ce moule doit 
avoir fa culotté armée de fa broche , comme 1l eft reprefenté par la 
figure 4< On nomme quelquefois cette broche la pointe. 
H faut enfuite avoir cinq baguettes, comme dans la premiere figure; 
la premiere, pour rouler la cartouche ; la feconde a un trou conique 
dans lequel la broche entre toute entiére ; la troifléme ne reçoit que 
fa moitié; la quatriéme n’a qu’un petit trou, pour en recevoir un de- 
mi-pouce , enfin la cinquiéme eft abfolument {folide. ; 
Îl faut qu’il y ait des virolles dé cuivre au bout de chacune des ba- 
guettes percées , & ces virolles ne doivent jamais être de fer crainte 
d’accident, ayant vû une maifon d’Artificier brûlée par le moyen d’une 
virolle de fer, qui en chargeant une fufée vint à frapper contre la bro- 
che , & donna le feu à la compolition, enforte que ne brûlant d’abord 
que lentement dans la cartouche, cela donna à une douzaine d’ouvriers 
le tems de fe fauver, fans quoi un moment plus tard, 1ls auroient été 
confumez de même que le fut la maifon; c’eft pourquoi les Artificiers 
qui font obligez de frapper à tout inftant , ne doivent fe fervir que 
d'inftrumens qui ne faflent point de feu. 
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