352 LE BOMBARDIER FRANÇOIS. 
L’on coupera enfuite des bandes de toile d’étoupe, d’une longueur 
fuffifante à faire deux tours autour de la bombe , & affez large pour 
que les bouts coupez d’un côté fe croifent fur le fond, & ceux de 
l’autre atteignent la fufée; on trempera cette toile dans la mixtion de 
ces deux colles, & quand elle en aura été bien imbibée, on la roulera 
autour de la bombe , ajuftant bien proprement les bouts fuperieurs 8 
inferieurs autour du fond de la bombe, &autour de la fufée , en forte 
qu’il y ait une force égale par tout. On laiflera fecher le tout à une 
chaleur temperée, afin que les colles ayent plus de force; & quand le 
tout fera fec, on pourra coëffer ces bombes avec du parchemin qu’on 
liera fur la fufée. { [ 
Ces bombes toutes achevées , les groffes auront 6 pouces de dia- 
metre , & les petites 3 pouces 10 lignes. On les execute ordinai- 
rement avec des mortiers de fer, dont l’ame aura 2 lignes plus qu’el- 
les n’ont de diametre: on leur donne plus de longueur qu’aux au- 
tres mortiers que l’on fait pour jetter des bombes de fer, parce 
qu’il faut mettre du fourrage fur la poudre , pour empêcher que la 
violence du coup n’endommage la bombe. Une livre de poudre 
fuffit pour jetter les groffes bombes , & cinq onces fuffiront pour 
jetter les petites. 
Pour que les unes & les autres faffent un bel effet, il faut menager 
la fufée de façon qu’elles crevent un peu après qu’elles feront parve- 
nues à leur plus haut degré d’élevation , ce qui ne fe pourra pratiquer 
qu’après en avoir tiré deux ou trois ; alors fi les fufées font courtes, 
on donnera le feu au mortier dès qu’on aura allumé la fufée ; mais fi 
elles font longues, on les laiffera brûler autant de tems qu’il en faudra 
pour que les bombes ne crevent pas dans les premiers moments de 
eur chûte. | { 
Une demi-douzaine de mortiers jetteront affez de bombes à balles 
à feu pour éclairer paffablement un ouvrage occupé par l’ennemi, mais 
il faudra fe fervir de morceaux de lances à feu tenus dans des bâtons 
fendus quand on voudra faire cette manœuvre, qui en ira incompara- 
blement mieux. Comme ces bombes/ne font pas d’une grande dépenfe 
de même que leurs mortiers , on les multipliera aifément fi l’on trouve 
que fix ne fuffifent pas : cependant je puis affürer que fi les balles à 
feu font bien faites , & que la direction du mortier faffe tomber les 
bombes fur l’ouvrage qu’on veut éclairer , elles y donneront une très 
grande clarté, qui reluira feulement où on fouhaitera, fans que ceux 
qui les jetteront foient vûs. On 
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