LE BOMBARDIER FRANÇOIS. 363
dehors , en perçant de biais le trou qui doit recevoir leurs chevilles ;
fans cette précaution le feu des premiers artifices enflammant d’abord
la machine, tout deviendroit en combuftion, &ne feroit plus qu’un
feu de fagots. {
Avant de pofer ces pieces d’artifice, il faut attacher fur les commu-
nications de celles qui en ont, & fur le bout amorcé des fontaines , des
morceaux de groffes lances à feu de differentes longueurs , dont les
moindres auront 4 pouces, &les plus grandes 10 , lefquels feront amor-
cez à un bout qu’on mettra en haut; on entortillera autour du joint une
bande de papier qu’on liera avec deux morceaux de ficelle deffus &
deffous, comme en la figure ÿ.: Ces morceaux de lances à feu font d’a- planche
dord un affez beau fpettacle , mais leur principal ufage eft de faire VI.
prendre le feu aux pieces aufquelles on les a attachez, à destems diffe-
rents, ce qui garnit l’air pendant un intervalle confiderable, au lieu que
s’ilsétoient égaux , tout partiroit en même-tems, & feroit d’abord fini.
Il faut que les morceaux de grofles lances à feu qu’on liera fur les
fontaines foient un peu plus courtes que les autres, & toutes égales,
ces fontaines étant les premiéres pieces dont le feu doit paroître , &
elles doivent brûler en même-tems.
Quand ces pieces font ainfi difpofées,on pale par-deffus toutes les
lances à feu qui les terminent , un morceau de meche de communicas
tion qu’on y fait tenir avec deux épingles ; ainfi que nous l’avons dit.
« Quand on a des perfonnages , comme les Vertus ou autres fembla-
bles , on les éleve au milieu de chaque face du theatre , de façon que
leurs pieds foient de niveau avec le deffus de la baluftrade ; & les armes
s’attachent à des bras qui fortent de la pyramide, du côté où font les
principaux fpettateurs : on orne quelquefois les machines de figures, Sc
en ce cas on met dans leurs corps des trompes de leur hauteur , qui
ayent un peu plus de diametre que celles que nous avons. enfeigné, &
(€ feu doit fortir par le crane de ces figures.
Dans des theatres confiderables, on clouë contre le plancher autour
duquel regne le balcon, du carton fait avec de la colle de pâte mélée
de terre glaife délayée ; ces cartons empêchent abfolument que les gou-
tes de feu qui tombent des groffes lances & des autres pieces d’artitice,
n’enflamment la machine y qui eft le plus grand accident qui puiffe
arriver à un feu.
On a foin de tenir'des vailTeaux pleins d’eau fur la plate-forme, pour
fecourir la machine au cas qu’elle vienne à prendre feu, & dans les
artifices de conféquence , il y a un nombre d’ouvriers deftinez à cet
Liz 2 effet,