74 LE BOMBARDIER FRANÇOIS.
bombes immédiatement auparavant; autrement le coup d’épreuve dort
nant une plus grande amplitude que celle des bombes que l’on tire-
roit après à 15 degrez, ilarriveroit indubitablement que pour aller à
des diftances données, on prendroit dans les ’T'ables les termes d’une
colonne qui feroient plus grands de 8 à 10 toifes, que la dittance où
peut aller la charge dont on veut fe fervir fous. les. mêmes degrez.
Pour plus de jutteffe, il convient auffi au lieu. de ne tirer qu’un feul
coup d’épreuve, d’en tirer deux , &s’ils. different fenfiblement, ajouter
les portées enfemble & prendre la moitié de.leurs. fommes pour la
moyenne. Par exemple , je fuppofe qu’à deux lives de poudre fans ter-
re, le mortier pointé à 15 degrez, la bombe ait étéchaflée à 80 toi-
fes, onen tire une autre à la même élevation qui n’aura été qu’à 76,
il faut ajoûter 80 à 76. qui font 156. dont la moitié eft 78. & cher-
cher dans les Tables l’épreuve qui répond à ce nombre , pour prendre.
dans la colonne le degré relatif à la diftance où Pon veut tirer.
Pour pouvoir compter fur le coup d’épreuve, 1l faut que le mortier
pointé à 15 degrez foit folidement établi: quand on aura connu l’an-
gle fous lequel on doit pointer pour aller à une diftance propofée, on.
fera enforte que le mortier foit auffi inébranlable fous cet angle , qu’il
létoit fous le precedent, ce qui n’eft pas toujours aifé à pratiquer par
je.ne fais combien d’inconveniens qu’on rencontre; par exemplé , les
mentonnieres des affûts de fer font trop bafles & n’embraffent point
affez le couflinet, & fi ce couflinet eft bien. appuyé lorfque le mortier-
eft pointé fous un. certain angle, il n’en. eft'pas de même quand on.
veut le pointer fous un autre plus ouvert, parce que le couffinet fe jet-
tant en avant dans le moment que l’amorce porte le feu à la charges
à-caufe de l’ébranlement qui fe fait fur toutes les parties. de la machi-
ne, la bombe part fous un angle different de celui fous lequel on Pa-
voit dirigée. D'autre part fi les coins de mire ne font point taillez de-
façon à pouvoir s’ajufter comme il faut, ils gliffent & s’échappent de
la pofition où on les avoit mis d’abord, & c’eft ce qui arrive ardinai-
tement quand on eft obligé d’en mettre plufieurs l’un. fur Pautre: Pour
éviter ce deffaut, on doit n’en employer qu’un feul , & en avoir plu-
fleurs differemment inclinez, afin de choifir le: plus convenable à la
fituation qu’on veutdonner aux mortiers. Je ne finirois point fi j'en-
treprenois de faire voir tous les dérangemens. qui furviennent de la
part des coufliners & des coins de mire feulement ;. j'ai examiné tou-
tes ces chofes de près & avec attention, & je fuis obligé: de dire
pour la juftification. des Bombardiers, que fouvent il n’y a pas tant
de-