Mais on peut se demander, si à l’époque où Arago et Humboldt faisaient leur
comparaison du kilogramme platine de Berlin, on admettait l’identité presque complète
des kilogrammes platine des Archives et de l’Observatoire, ou si l’on ne supposait pas,
au contraire, qu’il existait une certaine différence entre ces deux kilogrammes. En un
mot, on peut se demander si, après la comparaison directe du kilogramme platine
destiné pour Berlin avec le kilogramme de l’Observatoire, on n’a pas corrigé le kilo-
gramme de Berlin de l’erreur que l’on supposait exister entre le kilogramme des Ar-
chives et celui de l’Observatoire. Nous avons trouvé, en effet, dans les Archives un
procès-verbal, daté du 6 février 1812, signé par Legendre, Arago, Burckhardt, Biot
et Delambre, qui constate qu’une nouvelle comparaison du kilogramme platine du
Bureau des Longitudes avec celui des Archives a été faite en 1812. Ce rapport dont
nous donnons la copie en note(*) certifie que le kilogramme du Bureau des Longitudes
est plus lourd de 6 à 8 milligrammes que celui des Archives. Or, si lés pesées de
(!) L'an mil huit cent douze, le dimanche seize février à deux heures après midi, nous soussignés,
membres de la Commission nommée pour la comparaison ’du kilogramme de platine du Bureau des Longi-
tudes avec celui qui est déposé aux Archives impériales, nous nous sommes transportés au bureau des dites
Archives où Mr. Daunou a bien voulu nous remettre le kilogramme étalon pour le comparer en sa présence,
avec celui du Bureau des Longitudes.
On a procédé à cette comparaison de la manière suivante:
1°. , Dans le plateau droit de la balance de Mr. Fortin on a placé le kilogramme du Bureau des
Longitudes, et l’on a fait sa tare dans l’autre plateau avec des poids et des petites lames de laiton, Tous
les commissaires, s'étant placés successivement à la balance, ont vérifié d’un commun accord que la tare
était exacte, et ils ont remarqué très-exactement le trait et la partie du trait. où l’aiguille mobile s’arrêtait
dans ses oscillations.
2°, , Cette opération faite, on a enlevé le kilogramme du Bureau des Longitudes, et on l'a remplacé
par celui des Archives. Alors l'index a indiqué par son mouvement que celui-ci était plus léger. Tous les
commissaires, d'un commun accord, ont reconnu ce fait.
3°. Alors, on a ajouté cinq milligrammes dans le plateau où le kilogramme des Archives était
placé, et, par cette addition, il a paru à tous les commissaires que l'aiguille revenait, sinon exactement, au
moins à fort peu près, au même point où elle s’arrétait quand le kilogramme du Bureau des Longitudes
était placé dans la balance,
4°. ,,Mais comme on ne pouvait pas répondre que l’aiguille fut revenue précisement à son point de
départ, et que d'ailleurs il était nécessaire de constater le degré de sensibilité de la balance, on a ajouté
un milligramme dans le plateau. Alors, les avis ont été partagés: il a paru à quelques uns des Commissaires
que les six milligrammes étaient peut-être un peu trop pesants; d'autres ont déclaré qu'ils ne voyaient pas
de différence appréciable entre les indications de la balance avant et après cette addition; et d'autres, enfin,
ont cru reconnaître que l'addition d'un millixramme anx cinq que l’on avait mis d’abord n’était pas
suffisante.
5°. ,Pour pousser l’épreuve jusqu’à sa limite, on a ajouté deux nouveaux milligrammes, ce qui en
faisait en tout huit. Dans cet état, les Commissaires se sont de nouveau placés à la balance, et il leur a
paru que les huit milligrammes formaient un poids trop fort d’une auantité certaine, mais que l’on n’a pas
eru pouvoir déterminer.
6°, ,Enfin, on a ajouté un nouveau milligramme, ce qui formait un excès de neuf, et alors on a
trouvé bien certainement que les neuf milligrammes formaient un poids trop lourd.
79. ,On a remis le kilogramme du Bureau dans le plateau de la balance à la place de celui des
Archives. et l’on a retiré les neuf milligrammes. L'’aiguille de la balance n’a pas paru revenir précisement