CHAPITRE II
L'AURÈS
L'Atlas saharien a beau être une individualité bien nette,
construite, d’un bout à l’autre sur une sorte de plan général, on
y distingue des parties. On a déjà dit qu’à l’occident le Grouz et
ses voisins forment un groupe à part. À l’orient il n’a jamais été
dit assez combien l’Aurès est un monde particulier.
Qu'on jette un coup d’œil sur les trois coupes ci-jointes, l’une
à travers l'Atlas d'Oran, l’autre de Constantine, la troisième d’Alger
(de Dellys à Biskra) (fig. 23). Les deux premières font avec la troi-
sième un contraste complet, une antithèse. Dans celles-là les som-
mets culminants de toute la chaîne sont nettement reportés dans
l'extrême sud, dans l'Atlas saharien. Sous le parallèle d’Oran les
montagnes du Tell sont des taupinières à côté des massifs de l’Atlas
saharien, la différence est presque du simple au double de 1 000 à
2 000 mètres, et la massivité des deux chaînes est proportionnelle
à leur altitude.
Sous le parallèle de Constantine (plus exactement du cap
Bougaroun au chott Melr'ir) le rapport est le même entre les chaînes
de petite Kabylie et l’Aurès; c’est ce dernier qui écrase les premières
de son altitude et de sa masse.
Mais de Dellys à Biskra la proportion inverse est encore plus
accusée. De l'Atlas tellien, représenté par le Djurdjura, qui dépasse
2000 mètres, ce serait trop peu dire qu’il écrase l’Atlas saharien ;
il représente à lui seul toute la chaîne puisque l’Atlas saharien
n'existe plus; l'Atlas saharien a tout à fait disparu, il est supprimé
à la lettre, rigoureusement, puisque le très large seuil de Biskra
entaille la chaîne jusqu’à 400 mètres d’altitude.
Il y a là un étranglement de l'Atlas extraordinaire, l’étrangle-
ment du Hodna. C’est peut-être le trait le plus frappant de la struc-