DE PART ET D'AUTRE DE MÉDÉA 151
vient d’être affirmé de nouveau par Savornin avec des preuves
à l’appui qui semblent décisives 1
La même carte géologique au 800 000€ accuse une autre
tache extrêmement étendue d’oligocène en plein Tell oriental,
dans la cuvette de Mila, entre les monts de Constantine et la chaîne
de Numidie. Ici on sait déjà qu'il faut réduire la part de l’oligocène
au bénéfice du pontien. Mais ce sont des dépôts continentaux,
qu'ils soient d'âge oligocène, pontien, ou pliocène.
Le grand public ne sait pas que le Tell oriental est encroûté de
dépôts continentaux; il ne sait pas non plus que ses chaînes sont le
plus souvent contemporaines des Pyrénées et non pas des Alpes. Il
fait pourtant très bien la différence avec le Tell occidental. L’opi-
nion commune se résume en un membre de phrase : à l’est d'Alger
le Tell est bien plus pittoresque qu’à l’ouest; l’Algérie des Kabylies
et de Constantine est par excellence le pays du tourisme.
Si on analyse cette opinion commune voici à peu près ce qu’on
trouve. Le Tell oriental est beaucoup plus élevé que l’occidental,
non pas tant par l'altitude de quelques-uns de ses sommets. Il est
vrai que ceux du Djurdjura n’ont pas de rivaux à l’ouest, mais
ils n’en n’ont pas non plus dans le reste du Tell oriental. Le Djur-
djura mis à part, où l'altitude atteint 2 300 mètres, les plus hauts
sommets du Tell tout entier restent au-dessous de 2 000 et même
1 900 mètres (Ouarsenis et Zaccar dans l’ouest, Dira, Choukchott,
Mansoura dans l’est).
Ce par quoi le Tell oriental l’emporte de beaucoup sur l’autre
c’est son altitude moyenne. Elle est à peu près double.
Les Kabylies sont des massifs archéens, la chaîne des Biban
est très usée, proche de la pénéplaine. Le Tell oriental, dont elles
sont des parties, participe de leurs caractères, ce n’est pas un
faisceau de sierras pitonnantes; c’est un massif, jusqu’au bord
de mer où il s’abaisse d’un coup. Ses beautés naturelles célèbres,
le Djurdjura'mis à part encore une fois, sont des gorges profondé-
ment entaillées, celles des Biban, celles de Kerrata (route de Sétif
à Bougie), ou bien de magnifiques côtes abruptes (Bougie, route
de Bougie à Djidjelli, voisinage de Philippeville et de Bône). Le
pèlerinage de touristes le plus fréquenté de la région, la ville même
de Constantine, la ville aérienne où « ce sont les hommes qui fientent
sur les corbeaux », est un bout de plateau découpé par le Rummel;
1. N° 115, p. 330.